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Faut-il ou non coiffer d’un symbole chrétien un futur musée consacré aux cultures du monde ? Le débat secoue la capitale allemande.

Du milieu du XVe siècle jusqu’à 1950, l’endroit était occupé par un château. Celui de la prestigieuse dynastie des Hohenzollern, au balcon duquel, après la chute de Guillaume II, le spartakiste Karl Liebknecht proclama la République, le 9 novembre 1918. Symbole de la monarchie prussienne, le château fut rasé par le tout nouveau régime communiste, trente-deux ans plus tard, laissant d’abord place à un terrain vague avant qu’y soit édifié, en 1976, l’imposant palais de la République destiné à abriter l’Assemblée du peuple, le Parlement de la République démocratique allemande. Devenu, après la chute du Mur et la réunification, le témoin d’une époque qu’on voulait également oublier, ce bâtiment fut à son tour détruit, entre 2006 et 2008. Mais comme si l’histoire avait voulu cette fois prendre sa revanche, il fut décidé d’y reconstruire le fameux château des débuts.
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Commencé en 2013, le chantier est censé s’achever en 2019. Mais le nouveau château sera-t-il l’exacte réplique de l’ancien ? Rien n’est moins sûr. Car ces temps-ci, une pièce du futur édifice déchaîne les passions : il s’agit de la croix qui surmontait autrefois l’imposante coupole couronnant l’entrée principale – croix qui, pour les uns, n’a plus rien à y faire, mais qui selon les autres y a encore toute sa place. […]

Du côté des contempteurs de la croix, la Fondation pour l’avenir de Berlin (Stiftung Zukunft Berlin). Partie prenante du projet, cette association, qui se présente comme un contre-pouvoir citoyen aux institutions municipales, estime que la présence d’un tel symbole religieux entrerait en contradiction avec la fonction qu’est censée remplir le futur bâtiment. […] La Fondation peut compter sur le soutien de deux partis politiques, Die Linke (gauche radicale) et les Verts, tous deux membres de la coalition qui dirige la ville-Land de Berlin, présidée par les sociaux-démocrates.

La croix a aussi ses avocats, dont l’influence politique n’est pas négligeable. Parmi eux, Monika Grütters, déléguée à la culture dans le gouvernement d’Angela Merkel. […] Avis partagé sans surprise par l’archevêque de Berlin, Heiner Koch, qui, dans le même journal, a déclaré que ladite croix est « le symbole de l’heureux message de la foi chrétienne adressé à tous les hommes ». […]

Le Monde

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