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Violences scolaires, affrontements avec la police, délinquance, radicalisation : l’actualité alimente les stigmates qui pèsent sur les jeunes des classes populaires, en particulier ceux des « cités ». Dans Une génération sacrifiée? (Éditions rue d’Ulm, 270 p., 25 euros), codirigé avec Gérard Mauger, le sociologue Stéphane Beaud (École des hautes études en sciences sociales, université Paris-X-Nanterre) arpente la réalité que traverse cette jeunesse : leur expérience douloureuse de l’école, leurs désillusions aux portes du marché du travail, leur rapport à leur héritage culturel…

Ce qui frappe, c’est le point de départ commun aux neuf enquêtes réunies dans « Une génération sacrifiée ? » : la désindustrialisation de la France, la « crise de reproduction du monde ouvrier ». Pourquoi ce prisme ?

Par ce livre, nous avons voulu rappeler une évidence souvent oubliée : la désindustrialisation se poursuit et la situation actuelle des jeunes des classes populaires est l’un des effets à moyen terme de cette longue crise industrielle. Autre évidence : la jeunesse des classes populaires ne se réduit pas à celle des cités. C’est certes elle qui fait le plus parler d’elle, mais il y a tout un pan de cette jeunesse – rurale, rurbaine, de ville moyenne – qui est aujourd’hui méconnu.

« Travailler sur la jeunesse populaire, c’est montrer à quel point l’école classe fortement et durablement les membres de cette “génération sacrifiée” »

En réalité, la jeunesse populaire est très clivée, du fait des inégalités de certification scolaire. Il y a d’un côté ceux qui, via l’école, s’en sortent par le haut, et de l’autre ceux qui, peu ou non diplômés, n’ont pas pu atteindre la norme des études longues et en sont touchés, même s’ils le dissimulent, dans leur dignité sociale. Travailler sur la jeunesse populaire, c’est montrer à quel point l’école classe fortement et durablement les membres de cette « génération sacrifiée ».

Le Monde

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