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The Voice, The Wall, The Battle, Focus, Secret story, Money drop, Wish list, The Island, Cash investigation, The Voice kids, The Island, Punchline, AcTuality, les chaînes de télévision rivalisent de titres d’émission en anglais. C’est une maladie hautement contemporaine et nos rues regorgent d’enseignes anglicisantes : Carrefour-city ou Street-food, Bodyshop, Best-buy ou Space Hair. Ajoutons-leur les innombrables titres de films que les distributeurs ne prennent plus la peine de traduire, en tout cas pas en français : le long métrage tchèque intitulé « Stasti », mot qui signifie « bonheur », a été commercialisé en France sous le titre « Something like Happiness ». Nous transposons en anglais jusqu’aux titres… anglais. « Hang over » (« Gueule de bois ») est devenu « Very bad trip » ; « No Strings attached » (« Sans engagement ») s’est affiché comme « Sex friends » ; « The boat that rocks » (« Le bateau qui tangue ») s’est mué en « Good morning England » […]

Les Québécois se paient notre tête, eux qui ont fait de « Fame », « La Fièvre des planches », de « Crossroads », « La Croisée des chemins », de « In the cut », « A vif », de « In her shoes », « Chaussure à son pied » et de « Missing », « Porté disparu », tandis que nous avons conservé les titres anglais de ces longs métrages. […]

Les abus de dénominations à l’anglaise sont comme la prolifération de rubans sur les vêtements des marquis de Molière : des artifices destinés à montrer qu’on fait partie des gens en vue puisque l’on parle le sabir qui leur tient lieu de signe de reconnaissance. Parler de « benchmarking » vous pose son homme. Comparaison ferait parfaitement l’affaire mais manquerait d’allure, ne suggérerait pas que l’on est dans la mondialisation comme le poisson dans l’eau. Le comique involontaire de ce patois des gens désireux de paraître importants n’a guère de rapports avec la langue à laquelle ils croient emprunter leur vocabulaire.

Mon ami Alex Taylor, si polyglotte qu’il en est hexalingue, ne cesse de s’émerveiller devant notre penchant pour des mots en – ing. « Après un footing autour du camping, il gara sa voiture au parking. Après avoir consulté son planning, il passa au pressing récupérer son smoking. » Aucun Anglais n’utiliserait un seul de ces vocables qui nous semblent sonner si britannique. Il dirait : « After his jog around the camp-site, he left his car in the carpark. Then he checked his schedule and went to the dry-cleaner to get his tuxedo back. » Cette fausse anglicisation en expansion constante est bouffonne. Pour nous sauver du ridicule, il est temps de pousser un cri : « Help ! » Le ciel vous tienne en joie.

Philippe MEYER

La Montagne

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