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Avec la campagne des législatives, les vieux dossiers sont de sortie. Le couple de porte-parole de La France insoumise, Alexis Corbière (candidat à Montreuil) et Raquel Garrido, se voit de nouveau reprocher d’occuper un logement social de Paris. Une affaire qui traîne depuis des années.

« On fait croire qu’on défend les pauvres mais on a pris leur logement social. On gagne plus de 4 000 euros par mois mais on vous emmerde: c’est légal. Votez pour Corbière et Garrido, des Insoumis sans moralité ! » dénonce un tweet largement partagé et illustré d’une photographie de Paris Match montrant le couple dans son appartement. Une coalition hétéroclite, composée d’internautes proches de l’extrême droite et du mouvement En marche, accompagnés d’un sénateur UDI, relaie la réquisition à l’aide du mot-clé #rendsl’appart. Certains évoquent, en guise de circonstance aggravante, un « HLM de luxe ». […]

L’accusation est ancienne. Son origine remonte à un article du Monde publié en juin 2011 : on y apprenait qu’Alexis Corbière, alors premier adjoint de la maire PS du XIIarrondissement de Paris, louait un logement de la régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), l’un des quatre bailleurs sociaux de la capitale. En novembre de la même année, le site d’extrême droite Riposte laïque s’émeut de la nouvelle.

Fin 2012, lors d’une prestation remarquée de Corbière face à un militant du Bloc identitaire sur la chaîne Numéro 23, la fachosphère fait son œuvre et déniche l’information: Pierre Sautarel, l’animateur du site réactionnaire Fdesouche, moque «Alexis Corbière, l’ami du peuple qui vit dans un HLM alors qu’il est au-dessus du seuil». Il est imité par Damien Rieu, alors militant de Génération identitaire, qui prendra la tête de la communication de la ville de Beaucaire conquise par le FN en 2014.

[…] Alors, Garrido et Corbière vivent-ils indûment dans un HLM ? Les accusations portées à l’encontre du couple sont inexactes mais la défense de Raquel Garrido l’est également. Car de fait, ils vivent bien dans un HLM, depuis peu, même si ce n’était pas le cas au départ. Explications. […]

Ce qui signifie que si le couple de porte-parole n’a pas intégré de logement social en 2003, il vit bien dans un HLM depuis environ un an, contrairement à ce qu’a affirmé Raquel Garrido.

Corbière et Garrido occupent-ils leur HLM indûment ? En aucun cas, d’un point de vue légal. Les deux porte-parole ont investi l’appartement à un moment où il n’y avait pas de conditions de ressources. Auraient-ils dû le quitter en 2016 lors du «reconventionnement» ? En aucun cas non plus. […]

Seule certitude : le couple jouit aujourd’hui d’un loyer très en deçà des prix du marché, sans pour autant que leur situation n’apparaisse choquante à la RIVP. Celle-ci a en effet la possibilité de faire jouer l’article 17-2 de la loi du 6 juillet 1989 pour augmenter un loyer, si celui-ci est manifestement sous-estimé au regard des prix du marché. C’est l’extrémité à laquelle la régie est arrivée concernant Jean-Pierre Chevènement : alors sénateur, il occupait un de leurs logements sociaux, un «bel appartement de 120 mètres carrés dans le quartier du Panthéon, pour 1 519 euros mensuels, un loyer qui s’élèverait dans le privé à 3 500 euros», comme nous l’écrivions en 2011. Compte tenu de son patrimoine immobilier par ailleurs important, la RIVP avait fait jouer l’article 17-2 et révisé son loyer à la hausse. Le fait que Garrido et Corbière ne soient pas visés par une telle démarche de la RIVP montre donc que leur situation, pour être avantageuse, n’est en rien comparable à celle de l’ancien maire de Belfort.

Libération

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