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Le « jukendo », technique de combat à la baïonnette développée par l’armée impériale, est désormais enseigné dans les écoles secondaires.

Le Japon célèbre sa Constitution avec un jour férié, le 3 mai. Une Constitution pacifiste que le premier ministre, Shinzo Abe, entend réviser d’ici à 2020, afin de rendre au pays toute sa souveraineté en matière militaire. En attendant, une droitisation s’opère de manière plus sournoise par ­la résurgence d’un héritage banni depuis la défaite de 1945.

Les arts martiaux que l’on enseigne à l’école secondaire se sont ainsi enrichis d’une nouvelle discipline : le jukendo. Proche du kendo, la « voie de la baïonnette » est une technique de combat développée par l’armée impériale. Associé au militarisme des années 1930-1940, son retour dans les écoles suscite des controverses. D’autant que le gouvernement vient aussi de réintroduire dans le cursus scolaire l’étude du « Rescrit sur l’éducation », document de 1890 par lequel l’empereur Meiji (1852-1912) appelait ses sujets à « se ­sacrifier à l’Etat si les circonstances l’exigent ».

Basé sur l’« art du combat à la lance » ­(sojutsu) et le maniement de la baïonnette enseigné par les missions militaires françaises au Japon entre 1870 et 1890, le jukendo (appelé alors jukenjutsu) fut interdit, comme d’autres arts martiaux, par l’occupant américain. Rétabli dès que le Japon eut recouvré son indépendance en 1952, il est aujourd’hui pratiqué par 30 000 amateurs (en majorité des militaires) avec la réplique en bois d’un fusil à l’extrémité émoussée. Selon le ­vice-président de la fédération de jukendo, Takeshi Suzuki, « les objectifs de cet art de combat sont complètement différents » de ce qu’ils étaient avant-guerre.(…)

Il n’y a pas au Japon de parti politique de droite. Celle-ci se niche au sein du parti majoritaire, libéral-démocrate, au pouvoir depuis 1955 (à l’exception d’une courte ­« traversée du désert »), et d’une nébuleuse d’associations, de groupes de pression et de groupuscules dont l’influence a grandi ­depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe. Cette nébuleuse droitière entend réécrire le roman national en l’expurgeant de toute repentance et en exhumant un héritage non sans lien avec la dérive militariste.

Le Monde

Merci à valdorf

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