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Editorial de Laurent Joffrin intitulée “Une dette envers le peuple”.

Dans l’ultime bataille, la République l’emporte. Ebranlée, fissurée, bousculée par un parti de l’intolérance qui a réuni jusqu’à 42% des intentions de vote durant la campagne, la France vient de signifier aux xénophobes – même s’ils restent forts, menaçants, actifs – qu’elle ne voulait pas d’eux. En fin de compte, une certaine idée de la liberté a résisté. Il est ainsi démontré, grâce à ce vote, que l’ascension nationale-populiste est résistible. […]

Un jeune premier est premier en France : il lui reste à tenir le rôle. Emmanuel Macron le doit à son talent, qui lui a permis de passer en revue ses concurrents blanchis sous le harnois et de laisser sur place tous les anciens partis. Il faut remonter à Bonaparte pour trouver un chef d’Etat plus jeune. Président alors qu’il s’est lancé il y a moins de deux ans…[…]

Un succès assorti d’un gros bémol : selon toutes probabilités, les voix qui se sont portées sur Marine Le Pen, et celles qui ont choisi le bulletin blanc ou l’abstention, sont en majorité des voix populaires. […]

C’est le défi principal du nouveau président : combler peu à peu le fossé qui sépare France heureuse et France en colère, France d’en haut et France décrochée. Une République qu’une bonne partie du peuple abandonne n’est plus une République. Emmanuel Macron a toute légitimité pour mettre en œuvre, s’il gagne les législatives, le programme qu’il a présenté aux Français. Mais si ce programme ne favorise pas le peuple, s’il se contente de satisfaire les ambitions réformatrices de ceux d’en haut, seraient-ils bien intentionnés, sa présidence tournera mal.

Libération

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