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Dans une tribune au « Monde », le prêtre du diocèse de Lyon, Christian Delorme, déplore que les digues anti-FN soient tombées chez de nombreux pratiquants catholiques.

Alors que, le 7 mai au soir, la France risque de se retrouver avec une présidente élue représentant la famille de l’extrême droite, la Conférence épiscopale française a fait le choix d’une parole tiède que l’on peut assimiler à un silence coupable tant cette parole est inaudible et peut seulement profiter à Marine Le Pen. […]

Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une droitisation de plus en plus forte de l’Eglise catholique de France, au niveau de son clergé et de son épiscopat et au sein des forces militantes montantes. En face du déploiement de l’islam, en particulier, les réflexes et les arguments identitaires prennent une place croissante. Le discours de victimisation à l’encontre d’une République laïque considérée comme anticléricale trouve de plus en plus d’oreilles complaisantes. […]

Ce silence des évêques, qui équivaut à une autorisation morale donnée aux catholiques de voter Marine Le Pen s’ils pensent pouvoir le faire « en conscience », représente un événement historique qui aura, dans tous les cas de figure, de lourdes conséquences. D’une part, les évêques de France participent ainsi à la banalisation du Front national et à son installation de plus en plus grande dans le paysage politique français, et l’histoire pourra leur demander d’en rendre compte.

D’autre part, leur décision de ne pas prendre franchement position, pour ménager une partie des pratiquants, vient blesser toute une autre partie des catholiques qui, eux, ne se résolvent pas à ce que la France puisse devenir une terre de haine et que sombre l’Europe démocratique dont les pères fondateurs étaient, pour la plupart, de grandes figures chrétiennes. A certains silences peuvent répondre des schismes silencieux.

Le Monde

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