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Paulette, 84 ans, se tourne lentement vers le prévenu et le fixe intensément du regard, avec courage. Le président du tribunal lui demande si elle reconnaît son agresseur. « Oui », affirme à la barre, à deux reprises, la petite dame toute frêle, qui demande alors au jeune homme, d’une voix douce : « Vous me reconnaissez ? » Kalilou S. détourne le regard. C’est, ce vendredi, un moment clé dans le procès de ce jeune de 19 ans soupçonné d’avoir volé, extorqué et séquestré l’octogénaire dans son pavillon d’Eaubonne, avec un complice qui n’a pas été retrouvé. Le prévenu a été lourdement condamné à 12 ans de prison. En récidive légale, Il encourrait 20 ans.

« Je vais raconter le calvaire de Paulette… » A l’ouverture de l’audience, le président, Jean-Marie Charpier, donne le ton du dossier. Le 6 décembre dernier, vers 16 heures, la victime se repose chez elle et se retrouve face à deux jeunes qui la malmènent aussitôt en hurlant : « Où est l’or ? Où est l’argent ? » « Ils m’ont fait descendre au sous-sol », expliquera la victime aux enquêteurs, se retrouvant assise de force sur une chaise dans la buanderie et essuyant des claques. Un des jeunes sort un couteau et le pointe sur son ventre alors que l’autre, qu’elle identifiera comme Kalilou S., dérobe les 300 € retirés la veille et sa carte bancaire, après avoir fouillé la maison.

Le complice effectue des mouvements de va-et-vient avec la lame de son couteau en réclamant le code confidentiel. « J’avais vraiment peur de prendre un coup », poursuit la victime que les deux jeunes ligotent sur sa chaise, les bras dans le dos, à l’aide d’un drap. Mais le lien est trop lâche : Kalilou S. arrache un radiateur électrique et l’attache avec le câble. « Ils m’ont dit que si je n’avais pas donné le bon code, ils reviendraient », confie Paulette qui reçoit d’autres claques. Les deux hommes quittent enfin les lieux en l’enfermant à clé dans le sous-sol. Elle se libère seule et appelle les secours. « J’ai cru que j’allais rester là toute la nuit, comme un animal. »

Kalilou S., qui habite Paris, dans le 18e, a gardé le silence en garde à vue mais aussi à l’audience, niant sa participation. C’est pourtant son ADN qui a été retrouvé sur le fil électrique. « C’est impossible », assure-t-il. Il est suspecté aussi d’avoir tenté de retirer de l’argent avec la carte à Paris.

Il a déjà été condamné à 30 mois de prison en 2015 pour extorsion sur personne vulnérable et agression sexuelle. La victime avait 83 ans. Il lui avait fait subir des attouchements, avait exhibé son sexe.

« Tout aurait pu arriver. Un malaise cardiaque, passer la nuit et peut-être plusieurs jours ligotés dans le froid, à 84 ans. La fin aurait pu être beaucoup plus dramatique », a souligné l’avocate de la victime, Me Grandjean. Elle décrit une victime perturbée, qui continue à vivre, recluse, dans la maison de sa grand-mère où se sont produits les faits. « Le seul moment où elle parvient à être sereine, c’est le soir, en se couchant, quand elle met l’alarme. »

La procureure a requis dix ans de prison en soulignant le profil « extrêmement inquiétant » d’un prévenu dont l’avocate a plaidé la relaxe, estimant que l’identité de l’auteur « n’était pas établie ».

Le Parisien

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