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Le plan prévoyait 70 milliards de francs d’investissements, deux usines de pâte à papier et… 50 000 colons venus de métropole. Rien n’est jamais arrivé.

C’était en 1975. Grandiloquent, Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, annonçait que la Guyane, « longtemps à la recherche de sa vérité », allait enfin pouvoir « sortir de la somnolence qui l’étreignait ». Jacques Chirac, alors Premier ministre, venait passer Noël à Maripasoula, au cœur de la forêt amazonienne, sur le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam, ancienne Guyane hollandaise, qui venait d’obtenir son indépendance. Il évoquait un « projet de mise en valeur complet, harmonieux, méthodique, équilibré », qui nécessitera la venue de Français venus de métropole. Enfin, Olivier Stirn, secrétaire d’État aux DOM-TOM, annonçait l’arrivée de 50 000 colons, car, jurait-il, il n’y avait pas de Guyanais en Guyane, seulement quelques Amérindiens dans la forêt vierge, et une poignée de fonctionnaires antillais à Cayenne…

Pour illustrer cette « Charte du développement de la Guyane », baptisée « Plan vert », le gouvernement s’appuie sur Henri, un jeune Français de 21 ans, qui a décidé de partir à la conquête de la Guyane. Dans une brochure richement illustrée, on le découvre tirant à l’arc avec un Amérindien, greffant un citronnier, lavant de la poudre d’or, pêchant des crevettes sur un chalutier, avant de découper à la tronçonneuse un arbre de 30 mètres. Le futur développement de la Guyane est expliqué en images à l’aide de 22 photographies d’Henri, un jeune Français de métropole. En revanche, les Guyanais y sont totalement oubliés. Faut-il s’étonner si ce plan de développement, qui doit sonner « l’heure de rédemption définitive de la Guyane », est accueilli plus que froidement à Cayenne, Sinnamary ou Saint-Laurent-du-Maroni ? […]

Le Point

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