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« Pour en avoir parlé avec les évêques de ma province, la campagne prend un tel tour que nous sommes, nous aussi, un peu perdus », reconnaît un évêque qui voit surtout autour de lui « beaucoup d’indécis » et redoute, en prenant la parole, « d’ajouter à la cacophonie généralisée ».

Entre évêques, même de bords opposés, le sujet n’est plus tabou, jurent plusieurs d’entre eux, en citant l’invitation de Marion Maréchal-Le Pen, il y a deux ans, à l’université d’été du diocèse de Fréjus-Toulon et dont ils ont pu discuter lors de l’assemblée suivante. « Le mot “débat” est un peu fort, je parlerais plutôt de “juxtaposition d’avis différents”, souligne l’un d’eux en forme de litote. Mais au moins, tout le monde s’exprime ». Aussitôt, un de ses confrères nuance, qualifiant les échanges de « pudiques ».

Une question grave pourrait troubler cette ambiance policée : que faire si Marine Le Pen est au deuxième tour ? Une question piège, parce qu’ils divergent entre eux – « Certains d’entre nous pourraient voter pour elle », convient un des participants – et parce que la réponse n’a rien d’évident. « Je me rends bien compte que si je dis quelque chose trop nettement à mes fidèles, en pensant apaiser les choses, en réalité je les ravive », avoue un évêque de l’ancienne génération.

En 2002, la Conférence des évêques n’avait pas pris position en tant que telle, parce que « nous étions sûrs qu’elle ne serait pas élue », rappelle ce dernier. « Mais ce n’est plus impossible cette fois. Qu’est-ce qu’on fait ? » La question est sur toutes les lèvres.

La Croix

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