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Nouvel épisode de la série du Monde, « Les nouveaux arrivants ». Merhawi, jeune père érythréen, s’installe dans la banlieue lyonnaise avec ses deux garçons.

Pendant un an et demi, quatre grands médias européens, dont Le Monde, vont raconter chacun l’accueil d’une famille de migrants. Le projet s’appelle « The new arrivals ». A Derby, au nord de Londres, c’est la vie d’un agriculteur afghan et de son fils que décrira le Guardian. A Jerez de la Frontera, en Andalousie, El Pais suivra une équipe de foot composée de migrants africains. A Lüneburg, près de Hambourg, Der Spiegel va chroniquer le quotidien d’une famille de huit Syriens. {…]

L’Europe les changera-t-elle ou changeront-ils l’Europe ? Ce projet, financé par le European Journalism Centre, lui-même soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates, permettra de répondre à ces questions – et à bien d’autres.

En plus, je souffre beaucoup de l’absence de Wi-Fi.

Alors que la famille d’Esteer Gabriel hésite encore à venir en France, Merhawi, un jeune Erythréen, vient, lui, de franchir le pas. Esteer et Merhawi auraient pu se croiser à Tel-Aviv (Israël), où ce père de 29 ans survit depuis neuf ans, pas si loin du domicile de la famille soudanaise. Ils auraient pu prendre l’avion ensemble le 28 janvier, puisque ces deux familles figuraient sur la même liste des réfugiés « vulnérables » que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies souhaite réinstaller en priorité dans un pays qui leur offre un statut.

Pour l’heure, seul Merhawi a trouvé le courage de reprendre la route, la mort dans l’âme, lui qui a perdu sa femme après la naissance de leur deuxième enfant. « Même si on te propose un paradis, c’est un crève-cœur de quitter des amis avec qui j’ai passé neuf ans et huit mois… avec qui j’ai vécu tellement de choses. Ma vie était en Israël, même si elle était impossible sans statut et sans autorisation de travailler», soupire-t-il dans le centre de transit où il est désormais hébergé depuis six semaines, à Villeurbanne, près de Lyon. […]

« Je faisais confiance au HCR, qui m’avait dit que j’arriverais dans un appartement. J’ai été infiniment triste quand on m’a montré les deux chambres du foyer qui m’étaient réservées », raconte Merhawi. Les chambres 3-33 et 3-34, mitoyennes mais non reliées, constituent les 14 m2 de la petite famille depuis son arrivée.

« Gérer les déconvenues fait partie de mon travail. J’ai vu tout de suite sur le visage de ce papa que la solution ne lui convenait pas, dit Caroline Rabatez. Je lui ai vite expliqué qu’elle était temporaire et qu’il aurait rapidement un appartement, mais je conçois sa déception initiale. Chaque réfugié arrive avec son histoire, ses attentes.» […]

« Nous avons inscrit Sam et Rafaël à l’école voisine et ils ont commencé leur scolarité en maternelle», ajoute Mme Rabatez, qui a aussi accompagné le nouveau venu à la Sécurité sociale, afin qu’il ouvre ses droits de demandeur d’asile. «Si j’étais dans mon appartement, je pourrais dire que tout est pour le mieux», conclut le «nouvel arrivant». […]

Le Monde

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