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Premier romancier titulaire, en 2016, de la chaire annuelle de « création artistique » au Collège de France, l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, né en République du Congo, a consacré ses cours aux lettres africaines. Il vit aujourd’hui à Santa Monica (Californie).

Alain Mabanckou sera l’un des écrivains présents au pavillon des Lettres d’Afrique au Salon du Livre à Paris.

Je considère qu’il existe une grande pauvreté intellectuelle et politique à nous voir comme des êtres venus d’ailleurs, des êtres qui troublent la quiétude de la France. Le problème de la France, c’est la France elle-même.

Pour la première fois, le Salon du livre de Paris abritera un pavillon des Lettres d’Afrique. Y voyez-vous un pas supplémentaire vers la reconnaissance des littératures africaines ?

Les écrivains et les poètes africains sont régulièrement présents dans les manifestations littéraires. Disons que la naissance de ce pavillon participe de cette pédagogie de l’ailleurs qu’il est utile de faire en France. Cela permet de montrer la vitalité de la langue française, qui n’est pas seulement une histoire de frontières gauloises : elle passe par une langue qui a voyagé et revient chargée d’une autre dimension. Les Français ont beaucoup à apprendre sur la création littéraire africaine. […]

En tant qu’écrivain franco-congolais, que vous inspire le débat sur l’identité qui agite le pays ?

Chaque fois qu’il y a une élection, les gens se rappellent qu’il existe un sentiment national et nous qui étions tranquilles, les immigrés, devenons l’ennemi public. C’est grave. […]

Jugez-vous que, dans la littérature contemporaine française, ce regard faussé sur l’Afrique a été corrigé ?
Fort heureusement, il existe une nouvelle génération d’écrivains français conscients que la littérature française ne s’écrit pas que sur les bords de la Seine, à Paris.

Quand je lis aujourd’hui Véronique Ovaldé, Laurent Gaudé, Serge Joncour, Céline Minard, je discerne le sens de l’ouverture et l’idée même du partage de l’imaginaire et non pas d’une fierté gauloise qui serait simplement assise sur l’histoire française.

Je m’en réjouis, car ils pèsent face aux écrivains français encore enfermés dans leur identité. Et Dieu sait qu’il y en a.

Le Monde

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