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Tribune de Jacques-Alain Miller, répondant à celle de son frère Gérard Miller, parue dans Le Monde daté du 9 mars 2017, qui appelle à voter Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon, opium des orphelins de la Révolution ? Il se rêve en Hugo Chavez : la conquête du pouvoir par les urnes, suivie de la formation d’un gouvernement acquis aux classes populaires. Mais ça ne marche qu’en Amérique latine.
Sans doute est-il réjouissant d’écouter le candidat de La France insoumise quand il dézingue les possédants et les puissants, leurs valets, les belles personnes. Guignol rossant le gendarme, impertinence, satire, dérision, je ne boude pas ces plaisirs si français. Mais des monologues drolatiques ne font pas une politique.

Ce n’est pas dire que Mélenchon n’est qu’un amuseur : il a une vraie vocation d’éducateur, et je lui fais le crédit de penser que jamais il ne flattera le pire comme fait la cheffe xénophobe. […]

Gérard Miller nous détaille sa routine d’électeur de gauche : il commence par voter son rêve ; il redescend des cimes pour le second tour, et se résigne à atterrir. […]

D’habitude, ce vote biface ne fait de mal à personne. Plaisir innocent. Mais en 2017, c’est un plaisir coupable, car l’ennemi du genre humain est aux portes.

Mais imaginez un peu l’appareil d’Etat aux mains du FN, et d’abord la police, déjà à 50 % mariniste. Avec en prime la prévisible catastrophe économique, ne voyez-vous pas comment l’Etat de droit pourrait reculer et s’étioler comme en Hongrie ou en Pologne ? Et qui est sûr que la France ne passerait pas alors sous le joug d’un Etat policier ? Tout irait très vite.

Pendant ce temps, les médias parlent d’autre chose. La gauche sauve la planète, et se goberge : cannabis pour tous, revenu universel, Parlement de la zone euro, quand ce n’est pas diktat à l’Allemagne et Assemblée constituante. L’opium, vous dis-je. […]

Le moment est venu de se bouger. Là, tout de suite, par priorité, je suis pour alerter le pays sur la menace que représenterait pour tous l’accession au pouvoir de Marine Le Pen et du courant d’idées dont elle procède, qu’elle incarne et dissimule à la fois. Puisque les politiciens s’avèrent défaillants sur ce point, c’est aux différents secteurs de la société civile de se mettre en mouvement. Il y a péril en la demeure, péril à lambiner.

L’univers sait l’enjeu de l’élection : la victoire ou la défaite de Marine Le Pen.

Le Monde

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