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[….] Les migrants ne veulent plus toucher à la nourriture qu’on leur distribue chaque jour, et qu’ils estiment « mauvaise ». Ces plaintes seraient l’expression de « beaucoup d’angoisse, de traumatismes »

L’ambiance est morose dans l’un des centres d’accueil, tenus par Coallia. Ici, on héberge une vingtaine d’hommes, originaires d’Afghanistan, d’Iran, du Soudan… Il y a quelques jours, la grogne est montée. Les résidents ont dit qu’ils ne toucheraient plus à la nourriture qu’on leur distribue chaque jour. Sur la table de la pièce commune, en ce vendredi de février, une quinzaine de barquettes de purée étaient empilées. Elles présentaient un aspect normal, et les étiquettes indiquaient une date dépassée de deux jours, sans que l’on sache s’il s’agissait de la date de fabrication ou de péremption. Mais la méfiance est là : « La nourriture ici est tellement mauvaise, dit ce résident en anglais. A chaque fois, on se plaint, mais rien ne change. On n’a pas d’argent pour s’acheter autre chose ».

D’autres hommes parlent, leur compagnon anglophone traduit : « Une nuit, on a tous été malades. » Un autre assure avoir perdu cinq kilos en deux mois. Un troisième se plaint de la taille des bouts de pain, « deux seulement par jour ». L’un d’eux a appelé à la rescousse des bénévoles, pour que ceux-ci leur apportent un peu de nourriture. « Ils disaient n’avoir rien mangé depuis deux jours », raconte Clarisse, du collectif Solidarité Migrants Wilson.

Du côté du gestionnaire Coallia, on indique n’avoir constaté aucune anomalie dans les repas livrés par le prestataire, un restaurant social : « Nous avons des livraisons deux fois par jour, tout est très contrôlé. Nous gérons un autre centre à 800 m, qui reçoit les mêmes repas, et il n’y a eu aucun problème », indique Rodolphe Baudemont, directeur territorial de Coallia. Ce dernier voit dans ces plaintes l’expression de « beaucoup d’angoisse, de traumatismes ».

Ces migrants attendent depuis de longs mois d’être fixés sur leur sort. Beaucoup à Noisy-le-Sec relèvent du règlement de Dublin : cela veut dire qu’ils ne peuvent faire une demande d’asile en France, ayant déjà été enregistrés dans un autre pays d’Europe. Salah, qui a fui la guerre au Moyen-Orient, se dit prêt à rebrousser chemin : « Je préfère courir le risque de mourir en rentrant chez moi, plutôt que de perdre ma dignité ici. »

Le Parisien

Merci à leblob

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