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Pour l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, la Commission européenne doit décréter une pause législative. Le Temps l’a rencontré juste avant la réélection, jeudi, du président du Conseil européen Donald Tusk

Une Europe communautaire en mode pause. Un parlement européen prié de davantage laisser la place aux parlements nationaux. Une Cour de justice de Luxembourg sommée de respecter les spécificités de chaque Etat membre.

Invité mercredi par l’Ambassade de Suisse à Paris à présenter son dernier livre «Sauver l’Europe» (Ed. Liana Levi), Hubert Védrine a brossé un tableau plus qu’inquiétant de la future Union à vingt-sept, si celle-ci ne se réforme pas profondément après l’activation par le Royaume-Uni (à la fin mars) de l’article 50 du Traité européen qui ouvrira le début des négociations sur le «Brexit». Point d’orgue de l’ancien ministre des Affaires étrangères français: la fameuse «subsidiarité», supposée faire en sorte que l’Europe délaisse les sujets mieux gérés au niveau national, doit être réhabilitée. «L’Union européenne est malade de ne pas avoir trouvé son point d’équilibre explique-t-il. On a ignoré cette exigence de subsidiarité que même Jacques Delors jugeait essentielle. Résultat: les peuples sont en train de décrocher».

Ce tableau sombre signé Védrine n’intervient pas à n’importe quel moment. Jeudi soir, les 28 Chefs d’Etat ou de gouvernement réunis en sommet à Bruxelles ont reconduit le polonais Donald Tusk à la tête du Conseil Européen (représentant les Etats membres), malgré l’opposition de… l’actuel gouvernement polonais. On sait donc maintenant que le tandem composé de Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne, et de Donald Tusk, sera aux commandes jusqu’à la finalisation probable du Brexit britannique d’ici à deux ans.(…)

Le futur de l’Union aux gouvernements

Invité du Forum des 100 en mai 2016 à Lausanne, Hubert Védrine avait salué l’expérience Suisse. L’ancien ministre socialiste, bien éloigné aujourd’hui du PS, persiste après la publication, le 1er mars, du Livre blanc sur l’avenir de l’Europe voulu par Jean Claude Juncker. L’ancien premier ministre Luxembourgeois y réaffirme sa conviction, très védrinienne, selon laquelle le futur de l’Union appartient aux gouvernements. L’un des cinq scénarios évoqués dans ce rapport prospectif propose de «faire moins d’Europe, mais de manière plus efficace». «Le vote suisse du 9 février 2014 contre l’immigration de masse avait été dénoncé par tous les bien pensants européens conclut Hubert Védrine. Mais si le même vote avait eu lieu en France ou en Allemagne, le résultat aurait été bien plus massif. La demande populaire d’identité et de souveraineté n’est plus négociable»

Le Temps

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