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L’assimilation et les interdits ont poussé les francophones à abandoner leur langue au début du XXe siècle. Aujourd’hui, des passionnés luttent pour leur survie. Le paw paw, dialecte des premiers colons français du Midwest, est enseigné dans le Missouri par un jeune linguiste américain bien décidé à le faire perdurer. Avant lui, d’autres dialectes français de Louisiane ou du Maine ont connu des destins similaires. De la répression à la préservation, les dialectes français font de la résistance.

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Le paw paw : un dialecte français du Missouri

Le français du Missouri est une sorte de vieux normand et de vieux breton mêlé de cajun, et prononcé à la québécoise et, assimilation oblige, aujourd’hui teinté d’américain. À Old Mines, comme au Québec, la « voiture » est un « char ». En ce moment, il fait « fraitte » (« froid ») et bien souvent, « ça fait mouier » (« il pleut »). Surnommé paw paw, le Missouri French tire son nom d’un petit fruit local.

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L’acadien, l’héritage français du Maine

D’autres exemples d’érosion des dialectes francophones ont aussi pour cause la discrimination, voire la criminalisation des locuteurs à une certaine époque. Ce fut le cas de l’acadien, dans l’État du Maine où se sont établis les colons français dès 1600. Découvert par l’explorateur français Samuel de Champlain au début du XVIIe siècle, le Maine faisait partie de l’Acadie française jusque dans les années 1750, avant de passer sous gouvernement anglais. Cette première influence française a été renforcée par l’immigration au XIXe siècle d’un million de Canadiens français à la recherche de meilleures conditions de vie.

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Le français de Louisiane

À l’autre bout du pays, dans les terres de Louisiane, le français a été prédominant dès l’arrivée des colons en 1700 mais l’adoption d’une nouvelle Constitution en 1921, destituant le statut du français l’a rendu indésirable, voire illégal. Une anecdote raconte à merveille l’embarras que le français et ses dialectes ont pu représenter à une certaine période de l’histoire.

Après des décennies de répression, au moment de relancer le fait français en Louisiane en fondant le CODOFIL (Conseil pour le développement du Français en Louisiane) en 1968, le député démocrate d’origine Cajun James Domengeaux s’opposa à l’enseignement du français cajun au profit du français européen : « Imaginez, enseigner le Cajun, ce serait comme enseigner l’anglais redneck (la langue des ploucs des campagnes) », déclara-t-il à l’époque.

Selon le Bureau américain du recensement, 150 000 Louisianais (3,5% de la population) disent aujourd’hui parler le français ou le français créole à la maison. Historiquement, on distingue trois dialectes français en Louisiane : le Colonial French, parlé à l’époque par les Français de France constituant la classe supérieure et propriétaire, le Modern Louisiana French, parlé par les Acadiens arrivés en Louisiane après la guerre de Sept ans, et le Louisiana Creole French, un dialecte populaire dérivé du français colonial mais grammaticalement plus proche du créole haïtien.

France-Amérique

Merci à Jérémy Triboque

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