Fdesouche

Alors qu’une grande campagne nationale est lancée ce vendredi sur l’excision, des lycéennes de Seine-Saint-Denis ont créé un blog pour alerter sur ce sujet tabou. Cette mutilation reste pratiquée au nom de la tradition.

C’est le paradis de l’ado. De belles images, des articles sur des stars branchées comme l’artiste malienne Inna Modja, un langage direct fait de tu et de toi. Pourtant, sur ce tout jeune blog* imaginé, conçu et alimenté par des élèves de seconde du lycée Jacques-Feyder à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), on ne parle pas vernis ou soirée à la mode. On parle d’excision. Mot tabou, sujet tabou, alors que

60 000 femmes vivant en France ont subi cette mutilation -tradition d’Afrique subsaharienne, d’Egypte, ou encore d’Indonésie- d’une partie des organes génitaux.

« Déjà, le blog permet de dire que ça existe, ce que c’est, d’où ça vient et pourquoi il faut prévenir les jeunes que ça perdure », expliquent de leur voix enthousiaste Alice et Sokona, deux de ses créatrices de 15 ans. Dans cette classe de seconde générale, il n’y a qu’un seul garçon. « Nous avons l’option santé sociale, c’est pour ça », plaisantent-elles.

Leur initiative sera ce vendredi à l’honneur lors du lancement d’une grande campagne nationale de prévention à destination des 12-18 ans. Créée par des associations et soutenue par le gouvernement,

Alerte Excision rappelle que, parmi les ados vivant en France et dont les parents sont issus de pays pratiquant cette mutilation, 3 sur 10 sont menacées d’excision ( lire ci-contre) pratiquée non pas sur le sol français mais lors de « vacances » dans le pays d’origine.

« On se dit que, peut-être demain ou dans un an, une personne de notre entourage ou de notre classe sera victime de ça. Ça motive pour agir », reprennent les jeunes filles. Alice, qui se rêve notaire, a des origines congolaises. Sokona, future concessionnaire auto (elle adore les voitures !), est le fruit d’un métissage entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Trois pays où l’excision est pratiquée. « A titre personnel, je n’ai aucun risque, mais ça ne m’empêche pas de me sentir concernée. Ça peut toucher des filles de mon âge, ça touche à l’intime, ça émeut », note Alice. « Je n’en ai jamais parlé dans ma famille », reprend Sokona.

(…)

« Tu pensais partir en vacances ? » Sur l’affiche, un couteau où perle du sang fait office de réponse. Lancée dans l’Hexagone et en Belgique par Excision, parlons-en !*, la campagne s’adresse aux 12-18 ans. « On peut être une ado née en France et risquer la mutilation », souffle Moïra Sauvage, présidente de l’association. Parmi celles dont les parents sont issus de pays pratiquant cette mutilation, 3 sur 10 sont menacées.

(…)

Le Parisien

Fdesouche sur les réseaux sociaux