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Extraits de l’éditorial du Monde du 06/02/2017.

En lieu et place de réformes sérieuses et difficiles, le FN vend une recette miracle : tuer l’Europe. Ce n’est pas un programme. C’est un renoncement.

Au lendemain d’un week-end politique, samedi 4 et dimanche 5 février, où Mme Le Pen a réaffirmé les grandes lignes de son programme, il faut regarder les choses en face. Le Front national veut casser l’Europe. Il entend détruire ce qui a été construit, pas à pas, depuis soixante-dix ans, une œuvre qui n’a pas peu contribué à cette réalité qu’on tient, à tort, pour garantie : un Vieux Continent enfin apaisé et libéré de nombre des démons qui l’ont maintes fois ravagé. La France a été l’un des maîtres d’œuvre de cet immense succès. Mais cela ne compte pas pour Mme Le Pen.

Elle s’est efforcée, non sans talent, de « banaliser » un parti qui, puisant dans un vieux fonds vichyste, ne s’est développé que dans un anti-gaullisme acharné, aujourd’hui remplacé par sa détestation de l’Europe – le FN a toujours un bouc émissaire. La chef du FN ne veut plus revenir sur l’abolition de la peine de mort (à moins que l’extension du domaine du référendum, qu’elle programme, ne vise à proposer le retour de la guillotine) et elle se range volontiers aux us et coutumes de l’époque concernant le mariage homosexuel.

Mais toute la radicalité négative dont le FN est porteur se concentre sur le couple diabolique Europe/immigration qui expliquerait tout : chômage de masse, faible compétitivité dans nombre de secteurs de pointe, absence de dialogue social, modèle agricole inadapté, école sous-performante, etc. Le FN a le coupable. Le FN a la recette : « y a qu’à » sortir de l’UE. […]

Le Monde

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