Fdesouche

Laurent Dandrieu : […] depuis que l’Église se penche réellement sur ces questions, c’est-à-dire depuis les années 1950, son discours est biaisé sur ces deux points. Le premier biais est que ce n’est pas un discours sur l’immigration, mais un discours sur les migrants […] si les États sont éventuellement mentionnés dans leur droit à réguler les flux migratoires, les populations des pays d’accueil, elles, sont la plupart du temps condamnées à faire de la figuration dans une histoire qui les concerne pourtant au premier chef, ou mentionnées seulement pour condamner leur réticence à l’accueil, voire leur racisme ou leur xénophobie. Mais les difficultés créées par l’immigration aux populations des pays d’accueil ne sont pratiquement jamais évoquées […]

Le second biais du discours de l’Église sur l’immigration est que c’est un discours qui ignore la dimension collective du problème : il n’est question la plupart du temps que de migrant au singulier, ou de familles. C’est un Migrant avec un grand M, dont l’origine culturelle ou religieuse n’est pas considérée. […]

Cette inquiétude, l’Église pourrait en faire un formidable levier pour la « nouvelle évangélisation » de l’Europe, mais elle préfère la regarder de haut comme un signe de la réticence des Européens à épouser la « culture de l’accueil ». Dans une espèce de calcul à la Terra nova, un certain clergé semble avoir fait l’impasse sur des peuples européens trop identitaires ou trop populistes à ses yeux, pour leur préférer la chimère d’une conversion massive des immigrés musulmans. Elle veut bien aller vers les périphéries valorisantes, celles qui donnent une bonne image vis-à-vis du monde : mais aller vers ces périphéries “infamantes” que sont les Européens inquiets pour leur identité, c’est trop politiquement incorrect pour ces clercs qui se targuent pourtant de radicalité. On veut bien évangéliser, mais pas au point d’encourir la foudre des médias… On voit bien, malheureusement, que ce calcul produit en Europe, pour l’Église, les mêmes effets que pour la gauche : elle l’entraîne dans un inéluctable déclin. Il est grand temps que l’Église se réveille et se décide à renouer avec les peuples d’Europe, pour le salut du continent comme pour son propre bien. Car c’est dans ces périphéries que constituent les Européens dépossédés de leur identité que réside le seul avenir possible du catholicisme sur notre continent. […]

Le Rouge & le Noir

Fdesouche sur les réseaux sociaux