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Moins poreux aux thèses du FN que d’autres professions de la fonction publique, le corps éducatif commencerait-il à vaciller ? Sur un million d’enseignants, plus de 70.000 déclarent leur penchant pour Marine Le Pen.

“Cette poussée du Front national est extrêmement préoccupante”, réagit Stéphane Tassel, professeur dans le supérieur, représentant de la FSU dans l’intersyndicale Uni-e-s contre l’Extrême Droite, créée voilà un an (CGT, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL).

Sur le million de fonctionnaires travaillant dans des établissements publics et privés sous contrat (directeurs et directrices inclus), plus de 70.000 déclarent leur penchant pour Marine Le Pen. “En 2012, 3,5% d’entre eux avaient voté pour la candidate du FN. Ils sont actuellement entre 7 et 8% à afficher leur intention de voter pour elle en avril prochain“, constate Luc Rouban, directeur de recherche sur la fonction publique au CNRS.

Une dynamique certes inférieure à celle constatée dans la fonction publique hospitalière, et très éloignée des 50% d’intentions de vote en sa faveur chez les policiers et les militaires, mais qui n’en est pas moins significative dans un milieu largement hostile aux idées frontistes. Luc Rouban explique : “Marine Le Pen gagne du terrain sur les valeurs. Tournant le dos au discours poujadiste de son père contre la fonction publique, elle associe le service public à l’idée de pauvreté, en insistant par exemple sur la fermeture d’écoles en milieu rural.

On constate aussi un vrai problème de prise en charge face aux agressions verbales. Il y a, en haut, de grands discours, mais sur le terrain on les laisse se débrouiller. ” […]

Tu vas te griller en adhérant au FN ! “, a entendu de la part de ses proches Aymeric Duroc, 31 ans, quand il a arrêté son choix voilà un an. Admirateur de Chevènement, électeur déçu de Nicolas Sarkozy, ce professeur d’histoire-géographie d’un établissement de Fontainebleau constate que “la salle des profs est divisée en trois à [son] égard : un tiers de gens cordiaux, un tiers d’indifférents et un tiers de profs hostiles qui croient toujours que le FN c’est le parti de la haine“.
Il est aujourd’hui à la tête du collectif Racine Ile-de-France, après avoir créé celui de Seine-et-Marne, et pourrait bien être en piste pour une circonscription aux législatives en juin.

Le Nouvel Obs

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