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Le vexillologue [spécialiste des drapeaux et pavillons], Bernard Richard, revient sur l’histoire de la bannière tricolore, et montre comment parfois elle devient un geste éminemment politique, partisan.

«La violence que porte le drapeau bleu-blanc-rouge explique notre retenue à le brandir et à pavoiser nos rues».

Jugés un peu rétro, voire ringards, nationalistes ou réacs, les emblèmes de la République ont pris un tout autre sens depuis les attentats terroristes de 2015. A la faveur de ces événements tragiques, les Français ont retrouvé leurs couleurs, dit-on. Le drapeau national a fait son retour sur les façades des habitations et les avatars des comptes Facebook, rappelant la relation complexe que le peuple français entretient avec sa bannière. […]

Comment expliquez-vous cette pudeur française ?

La modération des Français dans le pavoisement est surtout à rechercher dans les traces laissées par l’accaparement du drapeau tricolore par une partie de la France – les ligues antiparlementaires en particulier – dans les années 30. On n’a jamais autant paradé avec le drapeau français que sous le régime de Vichy. Mais on peut également remonter aux querelles franco-françaises du XIXe siècle. Le drapeau a dû surmonter des tempêtes politiques, parfois avec difficulté. C ela rappelle combien le peuple français a pu être violent au cours de son histoire. Cette dimension de la violence explique notre retenue à brandir le drapeau et à pavoiser nos rues. […]

Ce retour peut-il durer ?

Seulement si nous continuons à vivre sous la menace terroriste. Pour l’historien Pierre Nora, le principal facteur du rebond actuel est la menace contre la paix. La guerre, avec l’existence d’un ennemi menaçant, a généralement été porteuse de cohésion nationale. A partir de janvier 2015, on se redécouvre un ennemi, on retrouve la menace intérieure et extérieure et donc le drapeau, cet emblème unitaire, expression matérielle de valeurs partagées.

Inversement, la mode du pavoisement a connu son plus fort déclin lorsque nous sommes entrés dans une paix durable. Au moment où nous nous sommes tournés vers l’intégration européenne, les paramètres classiques de la souveraineté tels que les frontières ou la monnaie nationale ont commencé à perdre de leur sens. Notre vision de la nation et donc de ses représentations par les emblèmes a été altérée. […]

Libération

Merci à oxoxo

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