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En 2012, les plus démunis se sont abstenus ou ont voté pour François Hollande. Depuis, les lignes ont bougé en faveur de Marine Le Pen, perçue comme le « dernier recours ». Analyse d’ Isabelle Rey-Lefebvre journaliste au Monde.

En 2012, lors de l’élection présidentielle les sociologues estimaient à l’époque à près de 17 millions le nombre de personnes précaires en France, chômeurs, mères célibataires, jeunes en galère, retraités à la pension modeste. Leur définition de la précarité est plus large que la population vivant sous le seuil de pauvreté, estimée par l’Insee à 8,8 millions de personnes.

L’arrivée en tête au premier tour de la primaire à gauche de Benoît Hamon, dont la proposition phare est l’instauration d’un revenu universel, en est la preuve : les électeurs sont sensibles aux questions sociales. La crise économique de 2008 est passée par là. Elle a intensifié la pauvreté, la précarité, la peur du déclassement.

Aujourd’hui, comment votent les premiers concernés ?[…]

En 2012, les précaires penchent nettement à gauche, qui leur semble leur alliée. «Les ouvriers précaires qui ont voté en 2012 ont choisi la gauche à 52 % au premier tour et à 67 % au second. Le FN obtient alors ses meilleurs scores, soit 35 %, chez les ouvriers non précaires, ceux qui ont un minimum de qualification, un certain confort matériel mais craignent de descendre l’échelle sociale qu’ils ont eu tant de mal à gravir. La gauche est encore perçue comme le défenseur des pauvres, face à Sarkozy, “le président des riches” », indique Mme Mayer.

En 2015, les lignes bougent. Les plus démunis désertent la gauche qui les a déçus. A partir d’une nouvelle enquête menée après les élections régionales de décembre 2015, la politologue constate un basculement spectaculaire de ce public vers le FN. Le parti d’extrême droite bat également des records chez les ouvriers les plus précaires, qui ont voté à 64 % pour lui au premier tour des régionales et à 62 % au second tour. «Dans le contexte de l’élection présidentielle de 2017, la désaffection à l’égard de la gauche de gouvernement et de sa politique semble sans précédent. L’extrême gauche n’apparaît pas crédible et Jean-Luc Mélenchon est perçu comme un faux allié des pauvres. C’est Marine Le Pen qui, à leurs yeux, incarne le dernier recours », poursuit Mme Mayer, à la lumière des entretiens qu’elle a menés. […]

Le Monde

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