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Située au nord-est de la Puisaye, la petite ville de l’Yonne célèbre en 2017 le bicentenaire de la naissance de Pierre Larousse, fondateur du célèbre dictionnaire.

On ne peut manquer cette bâtisse rose pastel, située au bord de la rue Pierre-Larousse, et par laquelle entre tout visiteur venant d’Auxerre, le chef-lieu de l’Yonne. Là, sous l’enseigne « Hôtel de la ville d’Auxerre », un café-restaurant perpétue la tradition hospitalière de la maison d’enfance de Pierre Larousse, dans laquelle ses parents avaient installé une auberge.

« Contrairement à ce qu’annonce la plaque sur le mur, cette maison n’est pas celle de sa naissance ; en réalité, personne ne sait où il est né », prévient d’emblée Micheline Guilpain-Giraud, professeur de lettres à la retraite, présidente depuis vingt ans de l’association Pierre Larousse.

L’auberge fut en effet ouverte en 1822 – Pierre avait cinq ans –, sur ce terrain hérité par sa mère, Louise Guillemot, fille d’un tisserand spécialisé dans le « poulangis », une toile grossière dont on faisait les « biaudes », les blouses des paysans.

Étonnamment, il existe de nombreuses chroniques de la vie à l’auberge. Car le Grand Dictionnaire universel – cette œuvre monumentale qui occupa Pierre Larousse de 1863 à sa mort –, fourmille d’anecdotes puisées dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’il arpentait la salle comble des jours de marché.

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Pierre Larousse, diplômé de l’École normale de Versailles, n’enseigna que deux ans à Toucy, avant de démissionner en 1840 pour gagner Paris. Il y fonda sa maison d’édition en 1852, avec Augustin Boyer, originaire de la région de Puisaye, lui aussi. Après la publication du Nouveau Dictionnaire de langue française, en 1856, Larousse s’attela à son Grand Dictionnaire universel, « ouvrage bibliothèque » de 20 700 pages vendu à tempérament (vente à crédit), feuillet après feuillet.

L’ouvrage d’un républicain pétri de morale, au ton bien plus subjectif et personnel qu’attendu – par exemple, Louis XIV est affublé « d’un esprit aussi clair qu’un brouillard de Hollande ». Loin de Toucy, le Bourguignon, amateur de bonne chère, n’oublia toutefois jamais sa région. « Il écrivait à sa mère pour qu’elle lui expédie, par le train, des oies, du beurre et des asperges de Puisaye ! », s’amuse Micheline Guilpain-Giraud.

Pas fervent sacristain, Pierre Larousse contestait l’autorité de l’institution ecclésiastique. Il fut tout de même honoré par l’abbé Dondaine, lors de l’inauguration de la statue de la place de la République : le curé pavoisa l’église Saint-Pierre, solide édifice des XIIe et XVIe siècles juché sur sa butte, que l’on gagne en gravissant les anciens remparts du premier château de la ville.

Soucieuse de rétablir une image plus juste que celle d’un mécréant, l’association Pierre Larousse fera jouer, ici, au mois de mars prochain, le Stabat Mater de Pergolèse. Une œuvre dont l’amoureux des mots et des lettres savourait « l’expression dramatique religieuse ». Laquelle le saisissait « réellement jusqu’aux entrailles ».

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