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L’accusé, qui transportait 10 kilos de cannabis, est en cavale depuis les faits survenus en 2014.


La présidente de la cour d’assises pose la question, sans trop y croire : Imad El Boujidy est-il dans la salle d’audience ? Aucune réponse. Le jeune homme, originaire de région parisienne, est en cavale depuis les faits. Ce vendredi, il a été jugé en son absence à Beauvais pour tentative de meurtre sur un douanier et pour trafic de stupéfiants.

C’était le 5 juin 2014, dans la nuit, juste avant 5 heures. Les douaniers de la brigade de Nogent-sur-Oise mettent en place un contrôle au péage de Chamant (Oise) sur l’autoroute A1. Les fonctionnaires voient arriver une Renault Clio, avec deux hommes à son bord. Ils flairent rapidement que quelque chose est suspect. Comme le permet la loi, ils inspectent un téléphone portable appartenant aux suspects. Les récents messages envoyés et reçus ne laissent pas de place au doute : les deux suspects circulent dans une voiture ouvreuse.

Trois douaniers partent immédiatement rechercher la voiture susceptible de transporter la drogue. Ils la retrouvent sur l’aire de repos de Roberval. Le conducteur de la Peugeot 308, à leur vue, engage une violente marche arrière, et prend la fuite. Une course-poursuite s’engage. Le fuyard prend tous les risques, roule à vive allure, feux éteints.

Arrivé au péage de Senlis, il prend la voie de sortie. Le chef d’équipe de la brigade des douanes de Nogent-sur-Oise, Cyril, 39 ans, se précipite : «  J’ai couru avec le Stop-stick (une herse). Mais j’ai eu à peine le temps de voir la 308 forcer le péage, la voiture m’a foncé dessus. Je n’avais pas d’échappatoire  ». Le douanier, père de deux enfants, se retrouve sur le capot de la Peugeot, percute le pare-brise, avant d’être éjecté dans les airs et de retomber violemment au sol.

La Peugeot est rapidement retrouvée par les enquêteurs, abandonnée non loin de là. Dix kilos d’herbe de cannabis sont dans un sac, à côté de la voiture.

Les enquêteurs n’ont aucun mal à retrouver le conducteur. La voiture a été louée par sa sœur. Et les aveux des deux hommes de la voiture ouvreuse finiront par le confondre.

Imad El Boujidy, condamné à multiples reprises pour des affaires liées aux stupéfiants, est parti en cavale aussitôt. Les enquêteurs ont vu qu’il était parti en Espagne pour rejoindre le Maroc, plus précisément la région de Casablanca, où il vit toujours.

La procureur de Senlis, Amélie Cladière, a rapporté que les enquêteurs avaient établi, grâce aux écoutes téléphoniques, que le suspect continuait à trafiquer au Maroc. On parle de livraisons à hauteur de 500 kilos de cannabis vers l’Europe.

Les juges ont suivi ses réquisitions : 12 ans de réclusion criminelle et 40 000 euros d’amende. Si le Maroc rechigne à l’extradition quand le mandat d’arrêt émane d’un juge d’instruction, il ne montrerait aucune difficulté quand il est ordonné par une décision de justice. Aussi, Imad EDl Boujidy n’est pas à l’abri de devoir s’expliquer devant la justice prochainement s’il fait opposition de sa condamnation.

Le douanier qu’il a failli tuer, grièvement blessé au moment des faits, n’a toujours pas repris le travail. Son avocate a indiqué que ce fonctionnaire qui exerçait depuis 2006 ne pourrait plus jamais travailler sur le terrain.

Courrier Picard

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