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Samedi soir, des jeunes ont semé la terreur dans un quartier calme de Juvisy. Pour Thibault de Montbrial, ces bandes mues par une haine de notre pays atteignent un degré de violence paroxysmique.

Spécialiste des questions de terrorisme, Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.

La crainte quotidienne des autorités est qu’un «incident», comme on appelle pudiquement les guets-apens contre les policiers, gendarmes ou pompiers par des bandes agressives et souvent armées, ne conduise les fonctionnaires à ouvrir le feu pour se dégager, ce qui constituerait l’étincelle que chacun redoute avant un enchaînement de grande violence.

Une bande venue d’Athis-Mons a semé la terreur samedi soir dans un quartier calme de Juvisy. Ce type de violence semble s’installer dans le pays. Est-ce le cas?

Les violences commises en bande se multiplient sur le territoire national. Ces phénomènes sont le plus souvent observés dans les transports. Certains TER de la région PACA en sont ainsi régulièrement la cible, comme d’autres en Rhône-Alpes et en région parisienne. Mais les forces de l’ordre sont les premières victimes de ces violences de groupe. […]

Certains des casseurs seraient rentrés dans un appartement privé pour le saccager. N’y a-t-il pas un risque d’un basculement collectif dans l’autodéfense ?

Non seulement la propriété privée n’est pas un frein à la violence, mais elle constitue manifestement une incitation. Comme certains des commentaires recueillis par la presse auprès de riverains de Juvisy concernés le montrent, de tels phénomènes ne peuvent sur la durée qu’inciter les résidents à envisager leur sécurité différemment.

Plutôt que le terme péjoratif d’autodéfense, je préfère l’expression légale de légitime défense.

[…]

Les politiques proclament leur refus des zones de non-droit mais ont-ils selon vous pris la mesure de cette violence endémique ?

On sent un embarras politique autour de cette question. Si certains ont la lucidité de reconnaître l’existence de «zones de non-droit» sur notre territoire, d’autres dans un mélange d’angélisme, de déni et d’incantation, prétendent toujours qu’elles n’existent pas.

Les hiérarchies n’hésitent plus à décourager, voire à interdire verbalement aux équipages de sécurité publique de se rendre dans tel ou tel quartier, sous le prétexte édifiant de ne pas «provoquer». […]

Je suis sidéré de constater que la question de ces violences en bandes ethnico-territoriales est quasiment absente des débats politiques actuels, qu’il s’agisse des primaires de droite ou de gauche ou des déclarations publiques des autres candidats. À supposer que l’explosion générale de violence redoutée par la plupart des professionnels ne survienne pas d’ici à la prochaine élection, il est crucial que notre prochain président de la République prenne conscience de ce que les tensions ont désormais atteint sur différents points de notre territoire un degré paroxysmique, et nécessiteront d’autres initiatives que les éternelles condamnations de circonstance pour éviter une réaction en chaîne dont chaque jour nous rapproche.

Le Figaro

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