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Politologues, économistes, juristes, philosophes… Avant le premier tour de la primaire de gauche, le 22 janvier, seize intellectuels exposent leurs propositions pour réformer le pays.
méro – économistes, sociologues, politologues, philosophes… – sont les témoins de cette vitalité. Issus de disciplines différentes, ils avancent des propositions qui pourraient concrètement modifier le quotidien des Français, leur rapport aux institutions, au travail, à la technologie, à l’environnement et, donc, la physionomie du pays.
Le Monde
Parmi ces propositions, celle de François Gemenne, chercheur et enseignant en science politique à Sciences Po-université de Liège : «Il faut donner aux demandeurs d’asile un accès immédiat au travail»

Et si la gauche reste aussi frileuse sur la question, c’est parce qu’elle a accepté de se laisser enfermer dans le piège du cadre de pensée de l’extrême droite, laquelle a réussi à imposer l’idée que l’amélioration de l’accès au marché du travail pour les étrangers allait accroître encore le chômage des Français. Et peu importe que tous les travaux de recherche sur le sujet montrent exactement le contraire.


A gauche comme à droite, on accuse souvent les immigrés de ne pas faire assez d’efforts pour s’intégrer ou de coûter trop cher à la collectivité. Ces reproches trouvent leur source dans une triste réalité : en France, tout est fait pour les décourager d’obtenir un emploi.
En 1991, le gouvernement de Michel Rocard édictait une circulaire interdisant aux demandeurs d’asile de travailler. La mesure visait à rendre les expulsions plus faciles, mais le texte rappelait aussi que le délai moyen de réponse à une demande d’asile était de deux mois, et de six maximum en cas de recours. Aujourd’hui, certes, cette interdiction est partiellement levée : un réfugié dont la demande d’asile est en cours depuis neuf mois est autorisé à travailler. Mais le nombre de demandes a considérablement augmenté : plus de 100 000 en France en 2016. […] Pourquoi, dès lors, ne pas autoriser plus vite, voire dès leur arrivée, les demandeurs d’asile à travailler ? En Allemagne, où les responsables économiques considèrent les immigrés comme une chance pour le pays, les réfugiés syriens sont désormais autorisés à effectuer immédiatement des travaux d’intérêt général (ce sont les ein euro jobs : emplois à un euro). […] Si l’on ne fait pas de même en France, c’est à cause de la sempiternelle rengaine : éviter le fameux « appel d’air » et décourager les arrivées. Et cette interdiction n’est que l’arbre cachant la forêt des discriminations qui freinent l’intégration des immigrés sur le marché du travail. A qualifications égales, de très nombreuses études le montrent, un étranger aura beaucoup moins de chances de décrocher un emploi qu’un Français. Pour appréhender la discrimination à l’embauche, le Bureau international du travail a défini un indicateur global, le « taux net de discrimination cumulé » : celui-ci s’établit en France à 51 %, soit le double de la moyenne des autres pays industrialisés.
Le Monde

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