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Dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon devancerait le candidat socialiste et sa présence au second tour est envisageable selon Jérôme Sainte-Marie, directeur de Pollingvox, une société d’études et de conseil spécialisée dans les enjeux d’opinion. Sans préciser cependant qui lui ferait face.

Des forces telluriques sont à l’œuvre, qui déchirent la gauche après avoir séparé le Front national de la droite.


Dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ferme la marche du quatuor de tête et se place systématiquement devant le candidat socialiste. Que traduit cette dynamique du candidat de la «France insoumise» ?
Le niveau de la candidature Mélenchon dans les sondages se situe en effet au-delà des 11,1% de 2012, qui était déjà un bon résultat et le signe d’une cristallisation possible à la gauche du PS. Encore devrait-il alors lutter contre le courant qui poussait au «vote utile» anti-sarkozyste, courant qui favorisait Hollande. Il n’a plus cette difficulté et profite en outre d’un bilan social du quinquennat très décevant pour les électeurs de gauche. À cette aune, les chiffres d’intentions de vote actuels ne paraissent pas si élevés, signe sans doute que les catégories populaires ne sont pas encore entrées dans la campagne électorale, phénomène qui attendra février, lorsque l’offre se sera stabilisée. Jean-Luc Mélenchon a un autre adversaire, diffus, inquantifiable mais bien présent, la démoralisation de nombreux Français, qui doutent du pouvoir transformateur de la politique. Combattre ce sentiment est un enjeu essentiel de sa démarche. […] En souhaitant publiquement que Marine Le Pen obtienne des financements des banques et en tenant des propos davantage eurosceptiques voire critiques de l’immigration, Jean-Luc Mélenchon entend toucher les classes populaires, notamment les abstentionnistes. Sur ce créneau, face au FN, a-t-il ses chances ?
Il y a une différence majeure entre les deux sur la question migratoire, cependant. On en mesure l’écho dans les enquêtes d’opinion, ce qui explique la très faible superposition des potentiels électoraux de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. Pour toucher les abstentionnistes intermittents, soit près du tiers des inscrits, qui votent à la présidentielle à peu près exclusivement, Jean-Luc Mélenchon a besoin de s’affranchir du signifiant «gauche». Or celui-ci le sert pour rallier de nombreux socialistes déçus, ce qui est un problème. L’issue de la primaire socialiste jouera un grand rôle pour sa campagne, et donc sur les conditions de sa concurrence avec Marine Le Pen.
En l’état du débat et de l’opinion publics, est-ce présomptueux d’imaginer un second tour avec Jean-Luc Mélenchon ?
Dans l’état d’émiettement de l’offre politique, d’affaiblissement des habitudes électorales et, surtout, de crise de la gauche de gouvernement, c’est une hypothèse recevable.
Le Figaro

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