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«Jeudi soir, vers 23 heures, j’étais dans le couloir de mon appartement et j’ai entendu un clac ! provenant de la chambre du petit. Ça piquait partout, le gaz lacrymogène venait d’entrer dans la chambre ! J’ai pris mon fils de 6 ans et le second de 6 mois et je les ai couchés dans la chambre du fond…Il a fallu que j’aère l’appartement jusqu’à 4 heures du matin !», raconte Youcef.

Ce père de famille de 42 ans a déposé une main courante, vendredi, au commissariat de Bellefontaine, après avoir découvert le boîtier en plastique d’une grenade lacrymogène sur son balcon, au quatrième étage du 30, cheminement le Tintoret, quartier Bellefontaine, à Toulouse. Un lieu connu pour ses transactions de produit stupéfiant, en bas d’immeuble.

Jeudi soir, les policiers en sécurisation dans cette cité populaire ont été pris à partie par plusieurs individus qui tiennent les points de vente. Aux jets de cailloux et d’une brique, les fonctionnaires ont répliqué par des tirs de lacrymogène pour disperser les fauteurs de trouble.

Un scénario connu qui provoque malheureusement des dommages collatéraux. Mais aussi une exaspération galopante parmi ces habitants du Tintoret qui subissent au quotidien des dégradations liées au trafic. «En atterrissant sur le balcon, une partie de la grenade a laissé échapper du gaz qui est entré dans l’appartement malgré la fermeture de la fenêtre, poursuit Youcef. J’ai été à la rencontre des policiers, ils m’ont dit qu’ils venaient d’être la cible de projectiles mais qu’ils n’avaient pas visé les étages. C’est en remontant chez moi que j’ai trouvé le boîtier de lacrymogène sur le balcon». Alors que l’on ignore encore comment cette cartouche de gaz a pu se retrouver sur un balcon d’habitation, Youcef n’incrimine pas les policiers qui «essaient de faire leur travail». En attendant, «on ne se sent plus en sécurité».

En journée, des dealers squattent les portes d’entrée, installant chaises et canapé. Le soir, des affrontements entre jeunes trafiquants et forces de l’ordre perturbent le sommeil des locataires.

Pour les habitants, le seuil de tolérance est largement dépassé. «On devrait avoir le droit de vivre en paix !», s’exclame Silvia, une habitante très active dans cet immeuble géré par le bailleur social Patrimoine. «Treize familles en 2016 sont déjà parties à cause de ce climat d’insécurité», dit-elle. «On a déjà perdu deux voitures dans des incendies sur le parking», souffle Youcef qui évoque, avec les siens, l’envie de quitter le quartier.
La Dépêche

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