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Aux Etats-Unis, on n’en finit pas d’analyser les raisons de la défaite de Hillary Clinton face au candidat républicain. Les arguments qui s’échangeaient hier sur les réseaux sociaux occupent aujourd’hui les plateaux des grandes émissions et les colonnes du «New York Times». La question est de savoir si les démocraties ont oublié les «petits Blancs», laissés-pour-compte de la mondialisation. Cela reviendrait à dire que les partisans de l’égalité sont allés trop loin !

La scène a lieu peu après l’élection de Donald Trump, sur le plateau de l’émission politique de Bill Maher, satiriste de la chaîne HBO et totem de la gauche libertaire américaine. «Les démocrates ont perdu l’ouvrier blanc en lui disant que ses problèmes n’étaient pas réels, assène Maher. Mais si ma vie craint, et que mes problèmes sont bien réels, qu’est-ce que je suis censé faire ? Couper ma bite et “prendre conscience de mes privilèges” ? (1)»
Ana-Marie Cox, influente blogueuse prodémocrate, rétorque : «Vous pensez vraiment que c’est la faute des progressistes ? Vous voulez dire que pour un Blanc, l’égalité se ressent comme une oppression ?» Maher : «Je le pense. S’il y a un bon côté à l’élection de Trump, c’est que peut-être que les progressistes vont enfin m’écouter sans me huer au sujet d’un truc dont je leur parle depuis des années. […]. Ils sont devenus outranciers avec leur connerie de politiquement correct qui fait fuir les gens.» Cox, ironiquement : «Donc le problème dans la politique américaine c’est qu’on ne prête pas assez attention aux hommes blancs ?» Maher : «Pour beaucoup, le Parti démocrate est devenu le parti branché de l’indignation bidon et de la manipulation sociale, et ils n’ont pas entièrement tort.»
Une thèse explosive
Il y a six mois, ce type d’échange se serait trouvé sur un forum Reddit fréquenté par les trolls nationalistes de l’«alt-right» plutôt que sur une prestigieuse émission à laquelle Barack Obama avait accordé l’un de ses derniers entretiens de campagne. Mais depuis ce 8 novembre au goût de cendres pour les démocrates, la gauche américaine a décidé de se dire les choses. Pas aussi crûment que chez Maher, certes, mais dans les pages opinions de la presse anglo-saxonne, une thèse explosive émerge. L’élection de Trump serait un retour de bâton, une réponse épidermique de la soi-disant «majorité oubliée», blanche et rurale, à une surenchère des luttes antidiscrimination accusées d’excès identitaires et à un durcissement du «politiquement correct» orchestré par des élites citadines «déconnectées». Le tout aurait provoqué ce que Van Jones, ex-conseiller de Barack Obama devenu expert sur CNN, a résumé en un mot-valise : le «whitelash». Le backlash («la réaction») des Whites.
En somme, ce que les Anglo-Saxons appellent «Identity Politics», soit l’antiracisme multiculturel à l’américaine, à l’inverse du modèle universaliste et assimilationniste français, aurait causé la chute de Hillary Clinton. «Une des nombreuses leçons à tirer de la présidentielle américaine et de son résultat détestable, c’est qu’il faut clore l’ère de la gauche diversitaire», en a conclu Mark Lilla, professeur d’humanités à Columbia, dans une tribune âprement discutée depuis sa publication dans le New York Times mi-novembre (2). Pour l’universitaire, la célébration des différences est «un formidable principe de pédagogie morale, mais cela produit des résultats désastreux quand un parti en fait le fondement de sa politique».
Bernie Sanders ne dit pas autre chose quand il tire le bilan de la campagne de son adversaire aux primaires des démocrates : «Ça ne suffit pas de dire “je suis une femme, votez pour moi !”» Pour Lilla, les combats «étroits et symboliquement chargés», qui auraient dû être menés «avec tact et sens de la mesure», tels que la demande de toilettes neutres pour les personnes transgenres, ont aliéné la majorité de l’électorat. La faute à «une génération de narcissiques ignorant le sort des personnes n’appartenant pas aux groupes auxquels ils s’identifient, et indifférents à la nécessité d’être à l’écoute des Américains de toutes conditions».
(…) Libération


Alors que l’article traite de l’impact du politiquement correct sur les couches populaires blanches, voici comment Libé résume son article :

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