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Présentation du livre « Les Musulmans au défi de Daech », de Mahmoud Hussein – pseudonyme de Bahgat El Nadi et Adel Rifaat, deux essayistes franco-égyptiens, par Pascal Galinier, journaliste au Monde.

Le Livre saint est un texte hermétique pour le commun des mortels, donc sujet à d’infinies interprétations, chacun y piochant ce qu’il veut – à commencer par l’Etat islamique.

L’histoire (humaine) de l’islam raconte l’«affrontement entre rationalistes et traditionalistes [qui] sera tranché dès la fin du IXe siècle en faveur des seconds». Avant de resurgir au XIXe siècle et surtout au XXe, entre «camp moderniste» (Egypte, Tunisie, Indonésie…) et «camp panislamiste essentiellement représenté par l’Arabie saoudite» – jusqu’à l’entrée en scène de l’Iran en 1979. « A la fin des années 1960, on a pu penser que les premiers avaient gagné la partie et que le monde musulman était lancé sur la voie de la sécularisation et de la modernité. Il n’en a rien été. Cette chance historique a été gâchée», regrette l’auteur. Un défi que relance l’organisation Etat islamique (EI). Face au tsunami djihadiste qui balaie la planète, «les musulmans ne peuvent pas se contenter d’une condamnation de principe. Ils se doivent de contre-attaquer».

Voilà donc un mode d’emploi du Coran, à l’usage du musulman du XXIe siècle. Pour lui éviter « de s’isoler du reste du monde plutôt que de s’élancer vers les autres pour explorer avec eux les sentiers d’un avenir commun».

Un livre de combat, plaidoyer laïque dont la conclusion est inattendue. Mahmoud Hussein prêche un retour au… message, celui des origines. Que le Livre saint de l’islam redevienne « ce qu’il fut durant vingt-deux ans pour le Prophète et ses compagnons : une parole vivante, qui éclaire les pas du croyant sur une route toujours ouverte, où il est appelé à agir selon sa conscience, (…) en plein accord avec son statut de citoyen du XXIe siècle». Réconcilier le «message divin» et «l’histoire humaine», entre espérance et vœu pieux, ce livre est un programme politique.

Le Monde

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