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Tribune de Miguel Otero-Iglesias, économiste au Elcano Royal Institute (Madrid) et chercheur associé à l’Essca School of Management (Paris), dans Libération.

Supprimez la monnaie unique et on assistera à un relâchement des liens qui unissent les Européens et à un renforcement du nationalisme/


Beaucoup d’économistes célèbres, aux Etats-Unis, prônent l’abandon de la monnaie européenne. Ils oublient ce qu’elle a apporté et qu’elle est aujourd’hui appréciée par les Grecs ou les Espagnols eux-mêmes. Pareil discours ne vient que conforter le Front national en France et ces équivalents en Europe.
L’euro a été et demeure une très mauvaise idée, c’est, en tout cas, ce que s’accordent à dire les économistes britanniques et américains. Que ce soit à droite, avec Martin Feld-stein, au centre, avec Mervyn King, ou à gauche, avec Paul Krugman et ­Joseph E. Stiglitz, le verdict est unanime : l’union monétaire européenne a été une grosse erreur et il faut la démanteler. Toutes convaincantes que ces idées puissent paraître par ces temps de populisme grandissant, en Europe et dans le reste du monde, elles ne tiennent pas compte du sentiment général qui existe sur tout le continent, à savoir la grande popularité dont jouit encore l’euro.
Quoi de plus facile pour ceux qui vivent hors de la zone euro de montrer du doigt les taux élevés de chômage en Italie, Grèce et Espagne et de les mettre sur le dos du carcan de la monnaie unique. Or, plus des deux tiers des citoyens de la zone euro – même ceux qui vivent dans les pays les plus frappés par la crise – tiennent à conserver la monnaie unique. […] L’Allemagne ne sortira pas non plus de l’euro, contrairement à ce que suggèrent Stiglitz et King, car quel chancelier souhaiterait rester dans l’histoire Histoire comme le leader ayant donné le coup de grâce au projet européen ? Angela Merkel l’a dit lors de la dernière crise : si l’euro échoue, c’est toute l’Europe qui échoue. Et, c’est pour cela que le cheval de bataille d’Alternative pour l’Allemagne (AFDAfD) n’est plus la sortie de l’euro mais l’immigration. Car en Allemagne, ce n’est pas en cognant sur l’euro qu’on remporte des voix. Marine Le Pen, leader du Front national, en a fait l’expérience en France ; elle préconise désormais un démantèlement concerté de l’euro (entreprise difficilement envisageable) et ne défend plus une sortie de l’euro «en solo». […] Libération

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