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Dans une interview exclusive accordée au site musulman Saphirnews, le président de la Fondation pour l’islam, Jean-Pierre Chevènement, revient sur sa perception de l’évolution du CFCM qu’il a contribué à créer mais aussi sur son implication dans la campagne présidentielle de 2017. Il souhaite notamment «faire émerger des élites républicaines musulmanes»

Le but n’est pas pour moi de détacher les musulmans des liens qu’ils ont avec leur pays d’origine. Ils continueront à entretenir des relations bien entendu. A parler l’arabe ou le turc. Les règles de la République n’interdisent pas le quant-à-soi.



Qu’est-ce qui vous motive, à 77 ans, à vouloir prendre la responsabilité qu’est de présider la Fondation de l’islam de France ?
C’est à la demande de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur. Je n’ai pas cru pouvoir me dérober. La fondation (la précédente appelée Fondation des œuvres de l’islam de France créée en 2005, ndlr) ne marchait pas et il fallait la remettre en route. J’étais en quelque sorte la pièce manquante, celle qui permet au mouvement de s’enclencher. Naturellement, je ne durerai pas toujours. Quand on a l’âge que vous venez de rappeler, on n’a pas l’éternité devant soi. Mais je pensais que je pouvais servir mon pays. L’avenir de 4 à 5 millions de musulmans en France qui sont, pour la plupart, des citoyens français, mérite qu’on s’y consacre. Ils sont une partie de l’avenir de la France. Ils ont certes des devoirs mais ils ont d’abord des droits. Il faut qu’ils puissent les exercer. […] Ma motivation, c’est aussi le souci que j’ai de prévenir intelligemment des chemins de radicalisation mortifères. Il y a la recherche d’un sens qui manque et certains peuvent se tromper, emprunter des sentiers de traverse qui sont pour eux suicidaires et pour les autres mortifères. L’Islam ne consiste pas à entraîner des centaines d’innocents dans la mort. Je pense qu’il faut procurer à une partie de cette jeunesse dépourvue de repères et qui ne se reconnait pas dans la France des parcours de réussite et d’élévation sociale, morale et spirituelle. La spiritualité religieuse n’est pas dans la compétence de la fondation.
La fondation est laïque, elle a un objet profane. Sa vocation est essentiellement éducative, culturelle, sociale. Mais il se créera une association cultuelle pour régler les problèmes considérables que sont la construction de mosquées là où il en manque et surtout la formation religieuse des imams. Et puis, et c’est la troisième pièce de ce tripode que je vous décris, il y aura des instituts d’islamologie qui seront ancrés dans l’université française de façon à améliorer la connaissance des civilisations musulmanes, de la culture musulmane, de la théologie musulmane, tout cela étant fait dans un cadre laïque qui est celui de l’enseignement supérieur. […] saphirnews

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