Fdesouche

Pour Saïd Mahrane, journaliste au Point, le traitement compassionnel des “petits Blancs” rappelle, à certains égards, celui qui fut infligé hier aux jeunes des banlieues.

On rejoue donc cette mauvaise pièce, les acteurs d’en haut pleins de mots sonores et d’idéalisation sont les mêmes. Les figurants d’en bas, eux, ont changé. On ne connaît pas la fin, mais on la devine.

L’histoire se répète, et elle pourrait se révéler, non comme une comédie, mais bien comme une autre tragédie. Le « petit Blanc », donc. En ce moment – le temps d’une émotion, en général –, on ne parle que de lui. Avec l’élection de Donald Trump, on découvre l’existence d’une Amérique continentale, rouge de la couleur républicaine, faite d’angry white men qui n’acceptent plus la règle du jeu imposée par d’autres et le mépris des buveurs de café latte des centres-villes de l’Amérique océanique. […]

En France, notamment grâce aux travaux du géographe Christophe Guilluy, on sait qu’il existe des zones périphériques, des endroits où l’on trouve le pire de la mondialisation, qu’elle soit culturelle, alimentaire ou urbanistique. Des endroits où vivent des Français, « petits Blancs » ou non d’ailleurs, dont la vie se résume parfois à regarder les trains passer, au sens propre comme au figuré. Aujourd’hui, ces « petits Blancs », appelons-les donc ainsi, font la une des journaux, sont au centre des analyses. Ils font la une des journaux comme les Français d’origine maghrébine la faisaient hier. […]

Souvenir d’une visite à Hénin-Beaumont, ville FN. Une dame, pas contente du tout : «Je suis blanche, oui, mais je suis d’abord une grand-mère qui s’inquiète pour l’avenir de ses petits-enfants !» Une leçon. Blacks et beurs hier, « petits Blancs » aujourd’hui : même idéalisation, même infantilisation. Ils sont irréprochables, victimes et seulement victimes, porteurs de toutes les vertus, et incarnent la nouvelle cause du peuple. La réalité est, hélas, souvent plus complexe. La compassion, de droite ou de gauche, ne fait pas une politique. Ne remplace pas un bon aménagement du territoire, une politique de la ville « pour tous » et, surtout, la création d’emplois. […]

Le Point

Merci à oxoxo

Fdesouche sur les réseaux sociaux