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Le chef de l’Etat n’est pas pire que ses prédécesseurs et son bilan n’est pas si négatif qu’on le proclame, pourvu que l’on lise attentivement ses confidences récentes, explique l’historienne Sylvia Ullmo, professeure honoraire de civilisation américaine, dans une tribune publiée par Le Monde.

Le Hollande bashing a parlé toutes les langues. La dernière est celle du Tweet : démolir en 140 signes. La parution du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock) en donne une triste illustration. […]

Qui de tous les commentateurs s’est vraiment donné la peine de lire ce gros ouvrage ? Trop fatigant sûrement ; un livre qui ne permet pas la lecture rapide parce qu’il a tenté de rendre compte de l’extrême complexité du parcours politique d’un homme qui a voulu en toutes circonstances garder la tête haute malgré les vicissitudes. Tout le tohu-bohu autour des « confidences imprudentes » du président tient à une pratique généralisée de la lecture tronquée. […]

Ce président qu’on accuse de légèreté s’est montré en fait profond, jaugeant avec justesse le danger lepéniste ou les incertitudes de Barack Obama. Ce président dont on a dénoncé l’indécision et la faiblesse, a pris rapidement et fermement la décision de faire la guerre au Mali et de la réussir, apportant à la France une vague de reconnaissance en Afrique.

On le disait capitaine de pédalo ? N’a-t-il pas surfé sur les tempêtes avec succès ? Les attentats, gérés avec son équipe, de façon magistrale, en évitant tout débordement de haine ou de violence ; les tensions avec la Russie, lors des événements d’Ukraine, sa gestion diplomatique impeccable lorsqu’il obtient la complicité d’Angela Merkel pour calmer l’ours russe et réussir à engager les pourparlers entre Poutine et Petro Porochenko. […]

Le destin de François Hollande me paraît illustrer l’histoire de la gauche la plus bête du monde : lorsqu’elle est aux affaires, la gauche française s’érige en armée de colonels, chacun se sentant autorisé à prétendre au plus haut des destins. Aucun ne s’est demandé « ce qu’il pouvait faire pour la gauche, mais s’est inquiété surtout de savoir ce que la gauche pouvait faire pour lui ».

Elle aura eu la peau d’un président de la gauche, dont on peut voir qu’il n’est en rien moins bon que ses prédécesseurs, Chirac et Sarkozy. Demain, elle se prépare à voter pour Alain Juppé dont elle a oublié qu’il est de droite et qu’il administrera une politique de droite que les petites réformes du travail de la loi El Khomry apparaîtront alors comme insignifiante. Ce n’est pas François Hollande qui est médiocre. C’est sa gauche ! Et demain elle va nous contraindre à faire des choix insupportables.

Le Monde

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