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Tribune d’ Hervé le Bras (directeur d’études à l’EHESS) sur les effets pervers des statistiques ethniques. Dernier ouvrage paru : Le Sol et le Sang : rhétoriques de l’invasion (Editions de l’Aube, 144 p., 12 euros).
Hervé Le Bras se dit « révulsé » par l’expression de « Français de souche » (Source) Pourtant, les premiers concernés, les enfants de l’immigration, ne demandent pas un tel remède à leurs maux sociaux. Ils ne militent pas pour être reconnus comme tels. Ils savent que le prétendu remède serait pire que le mal. Déjà stigmatisés, bien que français, ils seraient définitivement étiquetés car on ne peut pas sortir de sa catégorie ethnique, sauf à quitter la France ou à décéder. Dans les pays qui ont mis en œuvre des statistiques ethniques, les appartenances ont été intériorisées, essentialisées, sans qu’elles aient fait preuve d’utilité.


Dans son numéro du 21 octobre, sous le titre « Pourquoi les enfants de l’immigration vont en prison », Le Monde consacre deux pages à la présence de la seconde génération dans les prisons. […] Suit une querelle pour savoir si la proportion de musulmans atteint « entre 40 % et 60 % probablement », selon le sociologue Farhad Khosrokhavar. […] Riches et pauvres d’abord : les petits délinquants vont en prison tandis que les riches fraudeurs fiscaux s’en exonèrent moyennant transaction. Les comparutions immédiates, qui concernent presque uniquement des jeunes et des pauvres, sont beaucoup plus lourdement punies que les procès après instruction. Ceux qui habitent une cité dégradée sont plus souvent envoyés en prison à l’issue du procès. Lorsque l’on met à part les jeunes issus de familles nombreuses, l’origine ethnique ne joue plus de rôle dans la criminalité. Et ces familles nombreuses sont arrivées récemment : un critère de plus.
S’ajoutent l’histoire familiale, l’aide que n’ont pas pu apporter à leurs enfants des parents immigrés ayant souvent un faible niveau d’éducation, la sélection effectuée par la police lors des contrôles d’identité : une excellente enquête des sociologues René Lévy et Fabien Jobard avait montré que les jeunes d’apparence noire ou maghrébine étaient contrôlés sept fois plus souvent que la moyenne (mais aussi les jeunes habillés à la mode des cités). […] Le sociologue Laurent Mucchielli résume cette énumération : « On ethnicise les choses pour occulter le facteur social. » […] Le Monde

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