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Les Français jugent le présent sombre, et l’avenir plus noir encore, observe le commissaire général de France Stratégie. Jean Pisani-Ferry. Selon lui, il faut restaurer la confiance dans nos institutions. Et définir une nouvelle “grammaire de la vie en commun”. France Stratégie a publié en octobre 2016 un rapport de 162 pages intitulé ‘Ligne de failles. Une société à réunifier”.

L’origine de ce rapport remonte aux attentats de janvier 2015. Comme bien d’autres institutions, France Stratégie a alors voulu se mobiliser face à ce traumatisme.

Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, la diversité des origines et des appartenances des citoyens et des habitants de la France est beaucoup plus importante aujourd’hui qu’il y a plusieurs décennies, et très différente de ce qu’elle pouvait être aux moments fondateurs de la République.

La France est l’un des pays d’Europe où les inégalités ont le moins augmenté, mais un de ceux où les tensions entre riches et pauvres sont les plus vives. Elle compte 14% de pauvres contre 22% en Espagne, mais nos compatriotes redoutent davantage la pauvreté que les Espagnols. La peur du déclassement est omniprésente, et pourtant les trajectoires sociales ascendantes demeurent nettement plus nombreuses que les trajectoires descendantes.

La France des départements s’alarme de sa prospérité perdue, cependant les inégalités territoriales de revenu sont bien plus marquées chez nos voisins. A peine un jeune sur quatre juge son avenir prometteur, alors que nous sommes l’un des pays où le niveau d’éducation des jeunes a le plus progressé. Sept personnes sur dix jugent qu’il y a trop d’immigrés, mais l’immense majorité de ces derniers se sentent français.

Pourquoi ce hiatus ? Que révèle cet écart systématique entre perceptions et statistiques ? N’avons-nous pas assez à faire avec les défis bien réels qu’il nous faut affronter, pour ne pas nous représenter une situation pire qu’elle ne l’est ? Ou bien est-ce plutôt que les chiffres échouent à traduire la réalité ? La réponse à ces questions, c’est l’analyse du fonctionnement de nos institutions économiques, politiques et sociales qui la fournit : si les Français jugent le présent si sombre, et anticipent un avenir plus noir encore, c’est qu’ils ont perdu confiance dans ces institutions.

Le Nouvel Obs

Extraits de l’introduction du rapport France Stratégie

Ce qui nous divise :

Six lignes de faille traversent la société française : elles séparent les riches et les pauvres, ceux qui bénéficient d’une trajectoire sociale ascendante et les autres, ceux qui sont bien intégrés sur le marché du travail et ceux qui peinent à s’y insérer, les jeunes générations et les générations plus âgées, les habitants des territoires prospères et les résidents des espaces en déshérence, enfin les Français sans ascendance migratoire directe et les immigrés ou descendants d’immigrés.

Quelques extraits du rapport relatifs à l’immigration

Les dynamiques de ségrégation sociale et culturelle se poursuivent

La perception d’un risque de voisinage se traduit par une forme de « sécession sans guerre », phénomène évoqué par Hugues Lagrange pour désigner le comportement des classes sociales favorisées qui évitent les contacts avec les classes sociales inférieures2 . De fait, on observe une concentration des ménages les plus aisés3 . 47 % des 1 % les mieux payés parmi les salariés du privé en France habitent par exemple dans l’Ouest parisien (Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine), alors que ces trois départements ne regroupent que 10 % de l’emploi national et un quart des « hauts salaires”. […]

Un rejet grandissant de l’immigration Le rejet des immigrés se développe rapidement en France

depuis la fin des années 2000 : la part des Français « d’accord » avec la phrase « Il y a trop d’immigrés en France » a progressé de 20 points entre 2009 et 2015, atteignant 69 % avant de revenir à 64 % en janvier 2016 (graphique 23). Parmi les Européens, ils ne sont pas les seuls à exprimer ce très fort rejet : en 2013, 83 % des Belges, 74 % des Espagnols, 71 % des Italiens et 60 % des Allemands étaient d’accord avec la phrase « Il y a trop d’immigrés dans notre pays3 ». […]

Une faible ouverture à l’accueil des réfugiés

Comparativement à leurs voisins allemands, espagnols et italiens, les Français sont moins enclins à accueillir des réfugiés. […]

Les populations immigrées ont un fort sentiment de discrimination

Dans l’enquête Trajectoires et origines (TeO 2008, Ined-Insee), les immigrés africains et maghrébins affirment entre trois et quatre fois plus souvent que la population majoritaire qu’au cours des cinq dernières années on leur a refusé un logement sans raison valable. Cette expérience de discrimination semble moins fréquente pour les descendants d’immigrés d’Afrique et du Maghreb, même si elle reste substantiellement plus élevée que pour la population majoritaire. […]

La France se distingue par la part des descendants d’immigrés dans la population plus que par celle des immigrés

La part des immigrés dans la population en France n’évolue pas rapidement : l’Insee dénombrait 5 % d’immigrés en 1946, 7,4 % en 1975 et 8,9 % en 2012, soit 5,7 millions de personnes (sont comptabilisées comme « immigrées » les personnes nées étrangères à l’étranger et résidant en France,
qu’elles aient acquis la nationalité française ou pas). Alors que l’immigration était essentiellement européenne jusque dans les années 1950, le Maghreb est progressivement devenu la première zone géographique d’émigration en France. En 2012, près de 30 % des immigrés sont originaires du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et 20 % d’Europe du Sud (Portugal, Espagne, Italie), contre respectivement 25 % et 50 % en 1975. […] Au contraire de beaucoup de ses voisins, la France n’a pas connu de grande vague d’immigration au cours des dernières décennies. Elle ne se distingue pas des autres pays européens par la taille de sa population immigrée. En revanche, du fait qu’elle est une terre d’immigration ancienne, elle compte la plus importante proportion de personnes de « seconde génération » (personnes nées et résidant sur le territoire national ayant au moins un parent immigré)

Notre pays compte en 2012 6,8 millions de descendants d’immigrés, ce qui représente 11 % de l’ensemble de la population. […]

La sécularisation de la France majoritairement catholique s’accélère Le sentiment de religiosité, bien que minoritaire, est plus répandu parmi la population immigrée. […]

45 % des habitants de France métropolitaine de 18 à 50 ans se définissent « sans religion », 43 % « catholiques » et 8 % « musulmans ». L’islam constitue en revanche la principale religion déclarée par les immigrés, loin devant le catholicisme. […]

Une dynamique xénophobe de repli traverse la société française

La minorité musulmane est une des minorités les moins bien acceptées (graphique 30), en raison notamment de la présomption d’une intention des musulmans d’imposer leur religion aux autres . Pour 74 % des Français, d’après une enquête de 2014, la religion musulmane « cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres ». […]

Le rejet des immigrés accusés de prendre le travail des Français a laissé la place à un rejet des immigrés accusés de remettre en cause le mode de vie des Français, ce que traduisent les crispations sur le voile, les menus de substitution, les commerces hallal, etc. […]

ANNEXE 1 LES FRANÇAIS ET LA COEXISTENCE DES GROUPES SOCIOCULTURELS

L’anticipation des tensions entre les différents groupes socioculturels à l’avenir

L’anticipation des tensions entre les différents groupes socioculturels à l’avenir Entre quels types de groupes pensez-vous que les tensions seront les plus fortes à l’avenir ? En premier ? En second ?

Entre les différentes appartenances religieuses 47 % (en premier; 65 % (en second)

L’intégralité du rapport de France Stratégie

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