15/10/2016
Dans sa nouvelle campagne contre les incivilités dans le métro parisien, la compagnie de transports a eu recours au principe de la standardisation du sosie blanc afin d’éviter l’accusation d’un délit de faciès, écrit le sociologue Henri-Pierre Jeudy.
Les affiches qui stigmatisent la tentation de frauder ont perdu le réalisme de leur humour : la bête posée sur l’épaule du contrevenant possible ressemble plutôt à une chimère sortie d’un film d’animation.
Bien des internautes se sont insurgés contre cette campagne parce que les personnages choisis étaient tous blancs et avaient un air « bon chic, bon genre ». Leur indignation les a incités à dénoncer un racisme anti-blanc manifeste en arguant que la RATP fraudait elle-même avec la réalité puisque les contrevenants ne sont pas a priori tous blancs. Ce retournement de sens est révélateur des contradictions de la « bien-pensance » qui nous vient de la classification des genres. […]
Frauder est un geste automatique pour ceux ou celles qui estiment que les transports publics devraient être gratuits. Le choix des portraits présentés ne laisse aucun doute : ces jeunes personnes bien habillées ne sont pas des fraudeurs potentiels, elles font partie du monde du travail et si elles trichaient, ce serait par jeu et non pour une quelconque nécessité économique. Afin d’éviter l’accusation d’un délit de faciès, cette campagne de communication a recours au principe de la standardisation du sosie blanc. Comme personne n’est en mesure de se reconnaître en ce portrait-robot, celui-ci est voué à l’échec de sa représentativité, il est lui-même une contrefaçon du fraudeur dont la figuration stéréotypée reste insaisissable dans une société appelée « multiculturelle ». […]
20/09/2016
«Fraudeurs, pour vous les règles ont changé», parcourez le dossier de presse pour plus d’informations #StoplaFraude https://t.co/Og5FWFdQhj pic.twitter.com/qoPAQrBHmN
— SNCF Transilien (@Actu_Transilien) September 20, 2016
