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(…) Ce qui étonne les plus ces jeunes professeurs lorsqu’ils débarquent dans leur affectation séquano-dyonisienne, c’est « l’absence de mixité sociale », relève Hélène, strasbourgeoise. Le 27 septembre, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a rendu un rapport au vitriol pour l’école française, exposant que non seulement elle n’était pas un facteur d’atténuation des inégalités sociales, mais un facteur aggravant.

Un nouveau coup de semonce qui ne surprend pas les professeurs débutants. « Je n’ai pas un enfant de cadre dans ma classe. Pas un », témoigne Elodie. « Les seuls élèves européens de ma classe sont roumains et tchétchènes », constate Martin. « La création des zones d’éducation prioritaire a fait fuir les classes moyennes de l’école publique », analyse Elodie. En matière d’éducation, « le département cumule les difficultés », résume Isabelle Guigon.
Burn-out du 93
Loyers onéreux, transports en commun insuffisants, urbanisation chaotique, insécurité… « Certains collègues font un burn-out du 93. Ils ne peuvent plus vivre ici », témoigne Mme Guigon. « Je quitterais bien cette académie », reconnaît Elodie, exprimant le sentiment de nombreux de ses jeunes collègues. « La moitié des candidats aux postes de professeurs des écoles ne sont pas de l’académie, compte Rachel Schneider. Et sur 10 000 enseignants du département, 25 % réclament chaque année une mutation. »
Cette stratégie, qui consiste à viser l’académie de Créteil, où les chances de réussite au concours sont plus élevées, avant de réintégrer son lieu d’origine à l’occasion d’une demande de rapprochement familial, les jeunes enseignants l’évoquent d’une formule un brin cynique : le « tourisme de titularisation ». « Certains collègues mettent en place des stratagèmes afin de cumuler une demande de rapprochement de son conjoint, puis un congé maternité et enfin un congé parental », témoigne un professeur. Après quatre ou cinq ans, le transfert peut être accordé. « Les enfants ne méritent pas ça. ils cumulent déjà suffisamment de handicaps pour, en plus, faire face à des professeurs démotivés », regrette Martin, originaire d’Aubervilliers. Pour les enseignants célibataires qui ne peuvent justifier d’un rapprochement familial, quitter le département relève de l’impossible. « Un collègue vient de l’obtenir. Après trente-six années passées en poste dans le 93 », pointe Rachel Schneider.

(…) Le Monde

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