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Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve est interviewé par le JDD sur la lutte contre l’islamisme.

Le fichier des radicalisés que vous avez mis en place il y a un an compte 15.000 noms. A-t-on atteint un plafond ?

Nul ne peut répondre à cette question honnêtement faute du recul nécessaire. L’islamisme radical s’est enkysté dans certains territoires, il faudra du temps pour l’éradiquer. La propagande sur Internet agit sur les plus vulnérables, bien que de plus en plus empêchée par les mesures que nous avons prises. […] Depuis janvier, 355 individus en lien avec des ­réseaux terroristes ont été interpellés par nos services.

[…]

De plus en plus d’élus réclament plus d’informations sur les radicalisés vivant dans leur commune. N’est-ce pas légitime ?

Les élus sont légitimes à demander une meilleure information sur le phénomène de radicalisation dans le respect scrupuleux du droit. Faut-il donner des informations sur les individus fichés S ? Je rappelle que ces individus sont surveillés et non judiciarisés, ce qui indique que leur dangerosité n’est pas avérée. J’ajoute que la communication d’une fiche S est impossible pour des raisons réglementaires, en vertu d’un décret du 28 mai 2010. Enfin, cette impossibilité juridique, qui protège la confidentialité de ce genre d’information, protège leur existence même. […]

Êtes-vous inquiet de la tournure prise par les débats sur la question de la radicalisation mais aussi sur la question des migrants ?

Oui, je suis inquiet par ce que je considère comme une forme d’abaissement de la parole publique. Sur ces sujets complexes, sérieux, les contrevérités convoquées presque systématiquement blessent la démocratie et rendent parfois plus difficile la mise en œuvre de solutions pertinentes. Ce mélange d’électoralisme, de cynisme, conduit à user de toutes les outrances dans le but de gagner une élection sans mesurer leurs conséquences sur l’état du pays et sa capacité de résilience. J’entends Nicolas Sarkozy dire qu’il veut rétablir le contrôle aux frontières ; il faudrait que quelqu’un l’informe de ce que depuis le 13 novembre 2015, le contrôle a été rétabli à nos frontières. Quand des présidents de région invitent la population à se révolter contre les préfets pour que des migrants relevant de l’asile – c’est le cas de 80% des gens de Calais – ne soient pas accueillis dans des conditions dignes, et qu’en même temps ils demandent le démantèlement de la “jungle” de Calais, ils ne sont pas seulement démagogues, ils sont surtout irresponsables. Faut-il renvoyer les chrétiens d’Orient, les yézidis en Irak, les persécutés de Daech et du régime syrien ?

Le JDD

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