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Les partis nationalistes devraient sortir gagnants des élections locales en Bosnie-Herzégovine qui se sont tenus dimanche. Les velléités séparatistes des Serbes font craindre une implosion du pays. Reportage à Pale, fief des nationalistes serbes le jour de cette consultation controversée.

“Nous les Serbes, nous avons renoncé à ce concept qu’est la Bosnie-Herzégovine.” Dans la petite ville de Pale, des élections locales succèdent ce week-end à un référendum sauvage la semaine dernière. Elles devraient donner la victoire aux partis nationalistes issus des trois communautés du pays. L’heure n’est pas au vivre-ensemble, comme le laisse comprendre Aleksandar, le tenancier d’un minuscule bar. 

“Les Bosniaques s’accrochent. Comme tous les musulmans, ils font beaucoup d’enfants. Ils savent que dans deux cents ans, ils vont nous dominer démographiquement”, assène Aleksandar, planté bras croisés devant un mur tapissé de drapeaux serbes. La théorie du “grand remplacement” et de l’islamisme rampant a de nombreux partisans sur place. “Nous ne pouvons pas vivre ensemble. Nous, les Serbes orthodoxes, nous sommes des gens normaux. Eux, les Bosniaques, à l’instar de tous les musulmans en Europe et dans le monde, recherchent la domination”, estime pour sa part Djordje, un grand gaillard au crâne rasé de 37 ans. 

Alors l’idée de diviser la Bosnie-Herzégovine- pour l’instant constituée de deux entités non indépendantes gagne du terrain. “L’indépendance, c’est la volonté de notre peuple. J’espère la voir se réaliser de mon vivant”, abonde Milomir, un discret client quadragénaire, en sirotant son café. La semaine dernière, Milomir a été parmi les premiers électeurs à glisser son bulletin dans l’urne pour dire oui au maintien de la “fête nationale” des Serbes de Bosnie le 9 janvier. La cour constitutionnelle bosnienne, les autorités de Sarajevo et la communauté internationale s’opposent à cette fête, jugée discriminatoire. Et pour cause: le 9 janvier 1992 est la date de création de la “République du peuple serbe” par Radovan Karadzic, quelques mois avant le début de la guerre, excluant les non-Serbes de cette entité.

 

L’Express

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