Fdesouche

Si la majorité des Français a l’impression que l’immigration a fortement augmenté ces dernières années, les chiffres témoignent de la stabilité des arrivées. Et pour cause: sur 315 000 demandes d’asile émanant de Syriens en 2015, seules 5000 ont été effectuées en France. L’analyse de Frédéric Pennel de Délits d’Opinions.

Comparaison n’est pas raison, mais recèle parfois des informations. Une étude Ipsos nous a rappelé, cet été, que la question migratoire agite les lanterneaux dans le monde entier et non uniquement en France et en Europe.

Les guerres, le changement climatique, la misère, mais aussi la recherche d’horizons nouveaux déplacent des millions de personnes chaque année, allant souvent jusqu’à les faire franchir les frontières. Sources d’enrichissement ou de perturbations, ces flux de nouveaux arrivants chamboulent les peuples qui les accueillent. La comparaison entre les opinions de 22 États permet de se faire une idée sur la singularité de l’opinion des Français sur la question.

Une majorité de Français (63%) est traversée par le ressenti suivant: l’immigration a “fortement” augmenté ces dernières années. En réalité, les chiffres officiels témoignent d’une stabilité des arrivées d’immigrés. La source d’immigration qui a le plus augmenté est d’origine… Européenne. L’Insee a même révélé, à l’automne 2015, que le solde migratoire peinait à rester positif en France: 33 000 personnes en plus en 2013, alors qu’il se situait à 112.000 en 2006.

Sans le relatif dynamisme de sa natalité, la progression de la population française ne serait donc même plus acquise. Parce que beaucoup de Français tentent, à leur tour, l’expérience de l’immigration. Mais aussi parce que de plus en plus d’immigrés repartent.

Quant aux migrants syriens, les autorités françaises ont eu toutes les peines du monde à les attirer pour soulager l’Allemagne et ses autres partenaires. En 2015, sur 315 000 demandes d’asile émanant de Syriens, seules 5000 ont été faites en France. Enfin, si la Jungle de Calais voit croître le nombre de ses réfugiés (7000), c’est aussi parce que ceux-ci voient l’herbe plus verte ailleurs qu’en France. […]

La raison essentielle d’une telle réticence réside probablement dans la perte de confiance dans la “machine à intégrer“. Seuls 26% des Français estiment que les réfugiés arrivant actuellement parviendront à s’intégrer dans la société. Ils sont, au contraire, 59% au Canada, 46% des Britanniques et 43% des Allemands à se montrer optimistes à ce sujet.

Faute de confiance, les Français délaissent toute grandeur d’âme pour s’arc-bouter sur leurs frontières. La France figure parmi les nations européennes les plus frileuses à l’égard de l’accueil des réfugiés. 52% souhaitent leur fermer les frontières. Parmi les populations interrogées dans le sondage, seuls les Hongrois, en Europe, se montrent plus fermes avec 62%.

Et cela se concrétise politiquement puisque la France accueille moins de réfugiés que la moyenne des pays européens (selon Eurostat, elle a accueilli au 1er trimestre 2016 deux fois moins de demandeurs d’asile / habitant que la moyenne européenne).

En France, la question de l’immigration a pour particularité d’exacerber la polarisation de la vie politique. Selon un sondage Ifop, 26% des électeurs républicains sont favorables à l’accueil des réfugiés migrants contre 64% des électeurs socialistes. Il s’agit d’un marqueur fort qui explique l’engagement des responsables politiques sur ce sujet clivant, ce qu’a bien compris François Hollande. […]

L’Express

(Merci à C’)

Fdesouche sur les réseaux sociaux