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Du voile au burkini, l’argument racial est désormais au cœur d’une guerre entre féministes.
Publiée en début de semaine par l’institut Montaigne, la dernière enquête sur l’islam en France ne va pas apaiser les esprits. Quelque 65 % des musulmans de confession ou d’ascendance interrogés se disent favorables au voile et 24 % au port du voile intégral. 28 % disent adhérer à un islam d’affirmation, opposé aux valeurs de la République et de la laïcité. Dès la publication de l’étude, les plus radicales contre le voile se sont mobilisées via les réseaux sociaux sur le thème «On vous l’avait bien dit». Plus largement, pour les féministes universalistes, telles Elisabeth Badinter ou Caroline Fourest, aucun compromis n’est possible, le foulard est un signe d’oppression et l’islam, dans ses versions les plus rigoristes, une menace pour la liberté des femmes et la laïcité.
En finir avec l’homogénéité d’une pensée «maternaliste»
Pour la philosophe Soumaya Mestiri, la polémique sur le burkini a fait resurgir, dans l’élite blanche, d’une forme de compassion surplombante, voire d’une volonté de mise à l’écart. Le féminisme n’est-il pas acceptation de la différence. Dans la polémique sur le burkini qui a agité la France cet été, ce n’est finalement pas tant la radicalisation du discours qui frappe que la posture qui l’accompagne. Force est de constater le changement à l’œuvre dans le positionnement des tenants de la laïcité de combat et, plus particulièrement, des féministes dites laïques ou blanches comme Elisabeth Badinter, laquelle considère le port du burkini sur les plages niçoises comme une «provocation dégoûtante», ou Caroline Fourest, qui explique dans le Huffington Post que «toute personne inquiète du radicalisme» «se sentirait mal à l’aise à l’idée de se baigner à côté d’une femme ou d’un groupe de femmes en burkini».
Retrouvez l’intégralité de la tribune de Soumaya Mestiri, professeure à l’université de Tunis

Il ne saurait y avoir de féminisme d’Orient ou d’Occident

Pour l’écrivaine tunisienne Fawzia Zouari, une seule conception est possible : celle qui combat universellement et sans concession la domination masculine.
C’est le dernier «procès en colonisation» à la mode. Il s’attaque à «la colonisation du féminisme», de même qu’on s’attaquait hier à la colonisation des esprits, des langues ou des modes de vie. Le féminisme, dans sa conception classique et de par son origine occidentale, serait empreint de racisme et d’islamophobie ; au mieux, d’autocentrisme et de maternalisme. Il serait pensé par des femmes blanches pour des femmes blanches, bourgeoises de surcroît. Il faut donc s’en méfier. Changer de grille de lecture.
Retrouvez l’intégralité de la tribune de la journaliste Fawzia Zouari
Libération

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