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Jokarjo domine le marché suédois de l’hébergement des demandeurs d’asile, en partie confié au privé en Suède. A sa tête, Bert Karlsson. Un ­self-made-man qui, il y a vingt-cinq ans, avait fondé un parti anti-immigration. 163.000 personnes ont demandé l’asile à la Suède l’an dernier.

De toutes les affaires dans lesquelles ce Suédois de soixante et onze ans s’est lancé durant sa carrière de self-made-man (loisirs, musique, télé-réalité, etc.), l’accueil des réfugiés est, de son propre aveu, « la plus rentable, sans aucun doute ».

[…] Haut de quatre étages, l’ancien sanatorium de Stora Ekeberg est le navire amiral de son groupe, Jokarjo AB. Un acteur inconnu en France, mais leader incontesté, en Suède, d’un secteur qui a connu une forte expansion ces dernières années : les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, confiés en partie au privé en raison des besoins importants.

Celui de Stora Ekeberg, à la limite de ses capacités, héberge quelque 570 personnes. « Elles savent tout sur moi, elles m’ont “googlisé”… » glisse l’entrepreneur, pas mécontent de son anglicisme. Si tel est le cas, Syriens, Irakiens, Somaliens et autres vivant ici, à la campagne, à 350 kilomètres de Stockholm, ont pu découvrir que Bert Karlsson a, naguère, cofondé le premier parti contestataire de l’histoire moderne du royaume. Un parti populiste qui, entre deux grosses baisses d’impôts, promettait une politique nettement plus restrictive en matière d’immigration. […]

Pour les 9,6 millions de Suédois, cette nouvelle vague de réfugiés – une des plus importantes au sein de l’UE au prorata de la population – représente un sacré défi. Les communes, qui sont censées les prendre en charge, ont dû puiser dans leurs ressources. Un peu partout, les capacités municipales d’hébergement ont été épuisées. Si bien que l’Office national des migrations a dû lancer des appels d’offres à destination du secteur privé, pour éviter que les demandeurs d’asile ne finissent dans des gymnases, voire sous la tente. C’est cette manne-là que se disputent plusieurs sociétés, Jokarjo en tête. […]

La moitié des 500 salariés de la firme sont d’origine étrangère, la plupart de pays non-membres de l’UE. «Je les embauche parce qu’ils travaillent beaucoup mieux que ces paresseux de Suédois ! Il est vrai qu’au départ, je reçois souvent des subventions pour le faire. Mais elles ne durent pas», insiste Bert Karlsson.

Quant aux Syriens ou aux Irakiens transitant par ses centres, « ce sont des gens costauds, qui en veulent, qui cherchent à changer leur vie ». Il voit en eux ceux qui, dans le sillage des réfugiés des Balkans, «maintiendront le pays debout, en faisant les boulots dont les Suédois ne veulent plus».

Les Echos

Merci à Dura Lex

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