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[…]Plus de 80 % de boursiers au lycée Turgot à la rentrée? Le logiciel d’affectation des élèves parisiens était pourtant censé lutter contre la ségrégation sociale. La répartition des boursiers que «Libération» a consultée montre que la mixité est loin d’être une réalité.

Cette année, son lycée Turgot (IIIe arrondissement de Paris) accueille 83 % d’élèves boursiers en seconde (contre 55 % l’année dernière). En ajoutant les redoublants, le pourcentage frôle les 90 %. «On a créé un ghetto social, ethnique et culturel. De toutes pièces. C’est un choix politique, en contradiction avec la loi qui fixe un objectif de mixité sociale dans les établissements» d’après le proviseur Christophe Barrand. […]

La situation du lycée Turgot interroge: comment se fait-il que cet établissement accueille 83 % d’élèves boursiers alors que d’autres, dans le même secteur géographique (l’est de Paris), en comptent moins de 5 % ? Où est la mixité affichée ? Au-delà du cas Turgot, que le rectorat qualifie «d’atypique», quel est l’état de mixité sociale dans les lycées parisiens ? […]

Depuis 2008, l’affectation des élèves de troisième dans les lycées généraux et technologiques se fait via une procédure informatisée. Le logiciel Affelnet, configuré différemment selon les académies. […] A Paris, la volonté – du moins celle affichée politiquement – est d’utiliser ce système d’affectation comme un outil de mixité sociale, en donnant un bonus de points aux élèves boursiers.

Les critères pour être éligible aux bourses ne sont pas les mêmes au collège, au lycée et ensuite, dans l’enseignement supérieur. Au lycée, il existe six échelons, et donc six montants d’aide différents (de 393 à 834 euros par mois), selon le revenu fiscal des parents et le nombre d’enfants à charge. Par exemple, pour une famille avec deux enfants, une bourse est versée si le revenu fiscal annuel est inférieur à 19 037 euros.

Les barèmes sont les mêmes partout en France, sans tenir compte donc des différences de pouvoir d’achat. A l’échelle nationale, près de 500 000 lycéens sont boursiers, soit 22,6 % des élèves. Paris est un peu en dessous de la moyenne, avec 19,4 %, soit 6 779 élèves boursiers) dans les lycées publics généraux et technologiques. Le taux chute à 4 % (894 boursiers) dans les lycées privés généraux et technologiques de la capitale. Et grimpe à 37,3 % dans les lycées professionnels publics (4 670 élèves). 

Créé en 2008, le logiciel est paramétré différemment selon les académies. […] Toutes les études le prouvent, l’école française reproduit les inégalités sociales et les aggrave. Ce bonus accordé aux boursiers vise donc à remettre un peu d’équité, en leur permettant d’accéder à des établissements prestigieux. Et ainsi favoriser la mixité sociale dans les lycées. […]  
Libé
(Merci à C’)

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