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Plusieurs explosions simultanées un soir dans Paris. De jeunes terroristes qui se barricadent dans un grand magasin. Les chaînes d’info et le GIGN en alerte. Impossible, en découvrant « Nocturama » de Bertrand Bonello, de ne pas penser aux attentats du 13 Novembre. Effrayé par cette collision tragique avec l’actualité, le Festival de Cannes a refusé le film.

Pourtant, ce huis clos tendu et puissant ne parle ni d’islamisme ni de massacre aveugle. Le réalisateur de 47 ans traque au plus près la mécanique d’un passage à l’acte et la dérive d’une jeunesse déboussolée. La caméra de Bertrand Bonello ne lâche jamais ses 10 apprentis terroristes. Étudiants à Sciences-po ou vigiles à Aubervilliers, Blancs, Noirs ou Arabes : on ne sait pas grand-chose de ces jeunes aux motivations à peine esquissées, qui évoquent davantage le terrorisme politique des années 1970 que l’actualité récente.

Après une première partie haletante, le film prend la forme d’un huis clos presque irréel, filmé dans les anciens locaux de la Samaritaine, où 6.000 m2 de rayons ont été entièrement reconstitués. Un peu longuet mais d’une grande beauté formelle, avant une issue fatale sans aucune ambiguïté. Glaçant, fascinant, forcément troublant.

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