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Dominique Reynié, Professeur des universités à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), s’inquière du nombre votes blancs, nuls ou “contestataires” en faveur du FN. Il souhaite une «régénération de la représentation politique».

En trente ans, la société française a si profondément changé qu’elle est devenue méconnaissable au regard d’institutions qu’elle-même comprend ou accepte de moins en moins.


L’élection présidentielle de 2017 suscite un nombre de candidatures sans précédent. C’est au moment où l’on compte le plus de candidats que la société se considère moins bien représentée par ses élus. […] Notre vie publique n’est pas parvenue à conjurer la tendance, pourtant périlleuse, à la séparation du politique et du social. Les Français se sentent de moins en moins représentés. Ils le disent comme ils le peuvent avec les moyens laissés à leur disposition, l’abstention ou le vote protestataire – à partir de 2017, ils utiliseront aussi le vote blanc. C’est évidemment l’un des sens qu’il faut donner au vote FN, répété et amplifié lors des élections présidentielles de 1988 (14,4 %), 1995 (15 %) et 2002 (16,8 %), le 21 avril apportant même la preuve que le contentieux entre les Français et leurs gouvernants est désormais en mesure d’ébranler l’élection du chef de l’Etat.
Spectaculaire, la dégradation de la relation entre gouvernants et gouvernés n’a inspiré aucune tentative de remède. La crise s’est donc amplifiée. […]

La campagne du second tour pourrait être parasitée par la présence de la candidate du FN, ne permettant pas d’ouvrir le débat sur notre vie politique, puisque, dans ce cas, il s’agira de convaincre une majorité d’électeurs de voler au secours de la République.

Ce fut fait une première fois, le 5 mai 2002. […] Au total, ce sont plus de 15,6 millions d’électeurs qui ont ignoré ou rejeté l’appel au consensus, soit 38 % des électeurs inscrits, ce qui est considérable. Nous avons toutes les raisons de penser que le niveau actuel du mécontentement est sensiblement plus élevé. Hélas, nous risquons fort de voir dans un nouveau 21 avril le problème à surmonter alors qu’un tel événement serait, pour une large partie, l’expression de notre incapacité à représenter la société. […] Le Monde

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