La classe politique doit réagir et s’investir des préoccupations des artisans et des commerçants si elle ne veut pas les voir basculer vers le FN, prévient Cyril Capliez , dirigeant d’entreprise, ancien conseiller auprès du ministre des PME, commerce et artisanat, membre de la LICRA .
Une à une, les catégories socioprofessionnelles tombent dans l’escarcelle du Front National (FN), et l’on s’en aperçoit toujours trop tard. Ce furent d’abord les ouvriers, puis les jeunes. C’est depuis peu le cas des policiers et des fonctionnaires. Bientôt, une autre catégorie aura basculé sans retour possible : celle des artisans et commerçants. Un sondage que nous avons fait réaliser en février 2016 par l’Institut Louis Harris explique cette tendance : 90 % des artisans et commerçants estiment ne pas être écoutés par les politiques. […]
Nous ne parlons pas là d’une niche catégorielle : les artisans et commerçants représentent près de 7 % du corps électoral français – à quoi il faut ajouter les familles, et les quelque 650 000 conjoints éligibles au régime du conjoint-collaborateur, sans même parler de l’influence de ces artisans et commerçants tous les jours au contact des Français. Silencieusement, on laisse dériver cet électorat vers le FN. On aurait tort de croire que les artisans et commerçants sont naturellement ancrés à l’extrême droite. […]
Pourtant, rien n’est inéluctable. Entendre les préoccupations de cette population n’est pas mission impossible. Les inquiétudes des artisans et commerçants sont en effet homogènes. Si la retraite reste une préoccupation majeure pour eux, la fiscalité devenue confiscatoire est de loin au premier rang des attentes […] .
Le commerce et l’artisanat permettent aux jeunes issus de l’immigration de s’intégrer beaucoup plus que dans les grandes entreprises qui leur sont peu accessibles. Les filières de l’apprentissage doivent donc être revalorisées. […]
Le Monde
