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Tribune de Nicolas Delmas, juriste, publiée dans Le Monde.

France, 1905. France, 2016. Aujourd’hui comme 100 ans plus tôt, la question religieuse avive les passions, la laïcité fait débat. Pourtant, en 1905 justement, la loi de séparation des Églises et de l’État devait refondre complètement les liens entre l’État et les religions alors existantes. Or, l’idée d’un « chacun chez soi » n’a pas résisté à l’apparition régulière d’incidents : la transfusion sanguine pour les témoins de Jéhovah, le voile dans une crèche pour les musulmans, et tant d’autres encore. Les débats plus récents autour du financement de l’islam ou du port du « burkini » sont, à cet égard, symptomatiques. […]

Aujourd’hui, en France, semblent coexister deux laïcités : une laïcité ouverte à l’égard de l’histoire judéo-chrétienne et une laïcité fermée face à la présence de l’islam.

Or, la laïcité ne peut s’entendre différemment selon la religion ; elle doit permettre à chacun de pratiquer sa religion dans le respect de nos lois. C’est à ce titre que l’article 1er de la loi de 1905 octroie à la République la mission d’assurer la liberté de conscience, tant qu’elle ne remet pas en cause l’organisation et le fonctionnement de ses services. […]

La laïcité à la française est confrontée à de nouveaux défis, qui exigent qu’elle soit modernisée sans être niée, adaptée sans être détruite. Au lieu d’être un sujet qui nous divise, elle doit devenir un élément qui nous rassemble. Cela nécessite au minimum d’avoir foi : foi en une laïcité ouverte et intégratrice.

Le Monde

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