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Jean-Pierre Chevènement,77 ans, devrait accepter, malgré les critiques, de présider la Fondation pour les œuvres de l’islam de France censée oeuvrer à une meilleure intégration de l’islam dans la République. Tenant d’une “laïcité républicaine”, il dévoile au Parisien ses projets et sa vision de “l’islam de France”.

« C’est une bonne réponse à la poussée du terrorisme, conforme à l’intérêt des musulmans aussi bien qu’à l’intérêt de la France. »


Vous êtes pressenti pour présider la Fondation pour les oeuvres de l’islam de France. Allez-vous accepter ?

Dès le début de cette année, nous avons eu, Bernard Cazeneuve, son cabinet et moi-même, plusieurs réunions sur le sujet. Car, dès 1999, j’avais, comme ministre de l’Intérieur, lancé une grande consultation sur l’islam de France. […] J’apprécie beaucoup Bernard Cazeneuve pour sa modération, sa détermination, sa parole toujours maîtrisée.

Vous allez donc dire oui ?

Il s’agit d’une tâche d’intérêt public car les 4,1 millions de musulmans que compte la France doivent pouvoir exercer leur culte mais dans le respect de la laïcité et des principes de la République. Cette mission est tellement d’intérêt public qu’aucun responsable ne peut s’y dérober. Je ne m’y déroberai donc pas sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer. dis à un certain nombre d’hommes politiques de l’opposition : il en va de l’intérêt du pays que cette fondation, d’ailleurs mise en place en 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, puisse enfin fonctionner. Comme le dit Omar Sy, nous portons tous le maillot bleu de l’équipe de France. […]

Quelle est votre position sur des problèmes concrets comme le port du voile à l’université, le burkini, les repas hallal dans les cantines…

Légalement, les choses me paraissent assez claires et modifier la loi n’est pas une priorité. Le conseil que je donne dans cette période difficile — comme le recteur de la mosquée de Bordeaux — est celui de discrétion. Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu’ils comprennent que, dans l’espace public où se définit l’intérêt général, tous les citoyens doivent faire l’effort de recourir à la « raison naturelle ». Un principe que le prophète recommande quarante-quatre fois, selon l’islamologue Jacques Berque, dans le Coran.

L’avenir des jeunes nés de l’immigration est en France et nulle part ailleurs. Il faut les empêcher de tomber dans l’impasse suicidaire dans laquelle les poussent Daech et les salafistes à la vue courte. Si nous aimons la France, il faut faire des Français de confession musulmane des Français qui, comme les autres, ont envie de travailler à l’essor de la France. Il y a un intérêt commun à ce que le bateau France tienne la mer, car, s’il devait couler, ce sont tous ses passagers qui couleraient avec lui.

Le Parisien

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