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Latifa Ibn Ziaten, la mère de l’une des victimes de Mohamed Merah, fréquentait la mosquée de Saint-Etienne-de-Rouvray. Très engagée dans la lutte contre la radicalisation, habite à un kilomètre du lieu du drame. Elle tire la sonnette d’alarme et demande “d’aller vers cette jeunesse“.
Vous fréquentez la mosquée de Saint-Etienne-de-Rouvray, aviez-vous remarqué quelque chose ?
Je fréquente la mosquée régulièrement, je vais prier, mais je n’ai jamais rien observé d’anormal. Je vais à la mosquée Yahia, je ne connais pas la mosquée Elbeuf. Mais depuis un moment, je dis qu’il y a un problème. Beaucoup de familles de Rouen sont venues me voir à cause de leurs enfants. Certains se radicalisaient. Certaines familles commençaient à avoir peur. Leurs propres enfants devenaient dangereux. […]
La ville est-elle un « foyer de dérive radicale », comme le décrivait un article du Parisien datant de 2014 ?
En effet, on voit pas mal de radicalisés. Quand ils se mettent à prier, à changer d’habits, à se terrer dans le silence, qu’ils ne dialoguent plus et quittent leur travail, ce sont des signes alarmants. J’ai travaillé avec un jeune très dangereux pendant six mois, il faisait de la musculation, sa mère commençait à avoir peur. Mais il faut aller vers cette jeunesse. Chacun doit aller vers eux, le pays tombe dans le chaos et ça ne va pas s’arrêter.

Tout ce que j’observe dans les écoles, dans les milieux carcéraux, ça fait très peur. Nous ne sommes plus à l’abri, nulle part. Il y en a partout, on est en danger.

[…] Connaissiez-vous le prêtre égorgé ?
J’ai vu plusieurs fois le prêtre de cette église, c’est un homme à la pensée fidèle, je suis très triste. C’est une guerre contre l’humanité. Il faut commencer à écouter les jeunes. On ne peut plus fermer les yeux, il faut tendre leur main. Ils n’ont plus la patience quand ils sont livrés à eux-mêmes. Quand on prend le temps de les écouter, ils disent « aidez-nous ». En maison d’arrêt, j’ai rencontré un garçon très dangereux, le regard noir. Je l’ai pris à part et il m’a dit « Aide moi tata ». Il faut un travail de fond.
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